«Guerres de religions» ? Erdogan et son ministre profèrent des menaces contre l'Europe
Au beau milieu d’une crise diplomatique entre Ankara et La Haye, le gouvernement turc a enchaîné les déclarations incendiaires ces dernières heures, laissant entendre que l'Europe se dirigeait vers un conflit de civilisations.
«Chers frères, ils ont lancé une croisade contre le croissant [symbole de l'islam]», a lancé Recep Tayyip Erdogan le 16 mars, au sujet de l'arrêt rendu deux jours plus tôt par la Cour de justice de l'Union européenne, estimant que le voile pouvait être interdit par le règlement intérieur d'une entreprise.
«Qu'en est-il de la liberté religieuse? Qui a pris cette décision? C'est la Cour de justice de l'Union européenne», a poursuivi le président turc avant d'adresser une remarque menaçante à l'attention du Vieux continent : «L'Europe retourne doucement vers les jours qui ont précédé la Seconde Guerre mondiale.»
Bientôt, des guerres de religions débuteront en Europe
#Europe vs #Turquie : l'Occident «pratique non pas une vraie politique, mais une liturgie»https://t.co/bHFA6sgY30pic.twitter.com/hOSesh4UjP
— RT France (@RTenfrancais) 14 mars 2017
S’exprimant dans un meeting à Antalya le même jour, le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu a adopté un ton similaire, évoquant le résultat du scrutin néerlandais, notamment marqué par la défaite de la formation anti-islam, le Parti pour la liberté (PVV).
«Il n’y a aucune différence entre la mentalité de Geert Wilders [PVV] et les sociaux-démocrates aux Pays-Bas. Ils ont tous la même mentalité […] Cette mentalité amène l’Europe au bord du précipice. Bientôt, des guerres de religions débuteront en Europe», a-t-il lancé, selon l’agence de presse Reuters.
La veille, Recep Tayyip Erdogan avait déjà adressé une mise en garde à l’Europe, assurant qu'elle allait «se noyer dans ses propres peurs» des musulmans.
«Ils n’ont rien à voir avec le monde civilisé», avait-il ensuite lancé à l'attention des Pays-Bas, envers qui le dirigeant a multiplié les attaques ces derniers jours, allant jusqu'à suspendre les relations diplomatiques entre les deux Etats.
A la base du différend, les autorités néerlandaises avaient interdit à deux ministres du gouvernement d’Erdogan, dont Mevlut Cavusoglu, de venir s’exprimer devant les Turcs à Rotterdam afin de défendre le référendum constitutionnel qui aura bientôt lieu.
Par une série de meetings de membres de son gouvernement en Europe, Recep Tayyip Erdogan tente de convaincre les expatriés votant en Turquie de répondre «oui» au référendum, qui vise à modifier la Constitution en renforçant notamment ses pouvoirs et en réduisant ceux du parlement.
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