Moscou parle d’«accusations irresponsables» quant à son implication dans le complot monténégrin
Le quotidien britannique The Telegraph a accusé la Russie d'avoir fomenté un coup d’Etat au Monténégro en tentant d’assassiner le Premier ministre. Il se base sur des propos de hauts responsables monténégrins que Moscou dément fermement.
«Nous déplorons que de hauts responsables monténégrins prononcent telles accusations. Ce sont des propos trop sérieux pour les tenir et ne pas les étayer par aucun élément crédible. C’est à tout le moins irresponsable», a fait savoir Dmitri Peskov, porte-parole de Vladimir Poutine, après la publication d'un article par le quotidien britannique The Telegraph. Ce dernier accuse Moscou d'avoir voulu éliminer le Premier ministre du Monténégro pour faire tomber le gouvernement.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a lui aussi qualifié d’«infondées» les accusations du quotidien britannique. Selon lui, cet article est du même tonneau que d’autres accusations proférées «contre nous et notre pays», concernant notamment «des cyber attaques contre l’ensemble de l’Occident, des ingérences dans les campagnes électorales de nombreux pays occidentaux, des liens entre l’administration Trump et les services spéciaux russes etc.»
L’ambassade de Russie à Londres a, pour sa part, jugé l’article de «recyclage d'informations» ayant pour but d’«alimenter les tensions». «Comme toujours, aucune preuve, pures insinuations», a écrit sur son compte Twitter la mission russe peu après la publication de l’article.
Moscou accusé d’être à l’origine du complot monténégrin
Le 19 février, le journal britannique avait publié en Une un article à sensation intitulé : «La Russie a comploté l’année dernière pour renverser le gouvernement monténégrin en assassinant le Premier ministre Milo Djukanovic, selon des sources haut placées de Whitehall [gouvernement britannique]». L'article accuse également Moscou d’avoir orchestré un complot pour «saboter le plan du pays de rejoindre l’OTAN».
En citant des «sources haut placées de Whitehall», The Telegraph affirme dans son article que «des agents de renseignement russe, avec le soutien et la bénédiction de Moscou» ont voulu assassiner le Premier ministre monténégrin Milo Djukanovic, en octobre 2016 .
Ce meurtre «aurait dû causer une grave effusion de sang et provoquer une crise dans ce petit pays», poursuit l’article, qui ne donne pas de preuves factuelles. Cela n'a pas empêché pour autant d’autres médias occidentaux de reprendre ces informations. Si l’on en croit The Telegraph, son décès aurait empêché le pays de devenir le 29e membre de l’OTAN.
Le journal britannique cite encore le ministre monténégrin de la Défense, Predrag Boscovic, qui affirme n'avoir «aucune doute» sur le fait que ce complot avait été financé et organisé par le renseignement russe et des radicaux. Par ailleurs, le fait que le procureur monténégrin Milvoje Katnic ait déclaré en novembre dernier qu’il n’existait pas de preuves d’une implication de l’Etat russe n'a «en aucun cas» modifié sa rhétorique. Il affirme actuellement que le plan russe était d'«oter la vie au Premier ministre».
A en croire The Telegraph, des diplomates occidentaux de haut rang seraient également au courant de ce complot. Le ministre britannique des Affaires étrangères, Boris Johnson, et son homologue américain, Rex Tillerson, auraient discuté de cette question lors de leur première rencontre. De plus, Interpol rechercherait deux citoyens russes soupçonnés d'être des agents du renseignement russe et qui seraient impliqués dans cette affaire.
Pour justifier l'existence d'un complot fomenté par Moscou, le journal n’a rien trouvé de mieux que de publier une photo du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, prise en décembre dernier lors de sa visite à Belgrade. A côté de lui, on peut voir un «comploteur présumé Nemanja Ristic» lors d'un événement public.
Pour donner plus de poids à ses accusations concernant «l’un des exemples les plus flagrants d’une campagne de plus en plus agressive d’intervention dans des affaires occidentales» de la Russie, The Telegraph rappelle, toujours sans fournir de preuves, que Moscou est soupçonné d'avoir influencé les élections présidentielles américaines et procédé à des cyberattaques en Europe.