Au cours d'une interview accordée le 7 février à l'agence de presse russe TASS, l'ambassadeur de la Russie en Syrie, Alexandre Kinchtchak, a noté que l'armée syrienne était à l'offensive contre les djihadistes de l'Etat islamique dans la région de Palmyre.
«En ce qui concerne l'aspect militaire [...], les forces gouvernementales syriennes qui s'appuient sur le soutien [de ses] alliés, y compris les forces aériennes russes, tentent maintenant de prendre l'initiative sur l'Etat islamique dans cette zone [de Palmyre]», a expliqué le diplomate, cité par l'agence TASS.
Alexandre Kinchtchak a ajouté que des combats particulièrement intenses se déroulaient actuellement à proximité de la base aérienne gouvernementale de Tiyas, dit T-4, située entre Palmyre et Homs. «Les djihadistes subissent des pertes importantes et se retirent. Il y a encore du chemin à faire jusqu'à Palmyre, mais je n'ai aucun doute sur le fait que son tour viendra bientôt», a-t-il précisé.
Depuis la fin de l'année dernière, les affrontements font rage aux abords de Palmyre. Au terme d'une violente offensive, les djihadistes de l'Etat islamique ont en effet reconquis en décembre 2016 la cité antique, libérée quelques mois plus tôt par l'armée syrienne appuyée par l'aviation militaire russe.
La libération de Palmyre en mars 2016 avait à l'époque mis un terme à la destruction des monuments de la cité par les terroristes de Daesh. Depuis la reconquête de la ville par les combattants djihadistes de l'Etat islamique, l'organisation terroriste a relancé les opérations de démolition des monuments historiques inscrits au patrimoine mondial de l'Unesco.
Une commission constitutionnelle associant l'opposition et le gouvernement ?
Alors que Moscou a proposé un projet de Constitution «pour accélérer le processus» lors des négociations sur le règlement de la crise syrienne à Astana les 23 et 24 janvier, Alexandre Kinchtchak a suggéré l'institutionalisation des discussions entre l'opposition et Damas.
«Pour commencer, un organe de travail intra-syrien devrait probablement être créé, par exemple, une commission constitutionnelle commune avec la participation de représentants du gouvernement et de l'opposition», a-t-il notamment déclaré.
Le diplomate russe a par ailleurs souligné que la tâche essentielle de la Russie restait la même : «Encourager les représentants des autorités et leurs adversaires à rechercher ensemble les moyens de sortir de la crise actuelle.» Le diplomate a expliqué que cela signifiait «prodiguer de l'assistance aux partenaires syriens plutôt que de faire les choses à leur place».
Maintenir le cessez-le-feu pour séparer les groupes terroristes de l'opposition armée
Alexandre Kinchtchak a également relevé qu'évoquer la libération de la ville d'Idlib était, selon lui, à ce jour prématurée. L'ambassadeur russe a notamment affirmé que la priorité du moment était de maintenir et consolider le cessez-le-feu en vigueur.
Selon le diplomate, continuer à opérer une séparation entre les groupes terroristes et les groupes armés prêts à déposer les armes permettra de clarifier les perspectives de libération de la ville d'Idlib. Pour rappel, l'Etat islamique et le Fateh al-Cham (ex-Al Nosra), considérées comme des organisations terroristes, sont exclues du cessez-le-feu en Syrie et des négociations tenues les 23 et 24 janvier à Astana, la capitale du Kazakhstan.
Le responsable russe a par ailleurs souligné que le groupe Fateh al-Cham avait créé une nouvelle coalition de groupes djihadistes hostiles aux groupes rebelles ayant participé aux négociation d'Astana. En outre, le diplomate a rappelé que les combattants de cette nouvelle alliance djihadiste avaient engagé des opérations militaires de grande envergure contre leurs «anciens frères d'armes».
La libération d'Alep-Est par l'armée syrienne appuyée par l'aviation russe et la conférence d’Astana sur le conflit syrien ont marqué un tournant dans la crise syrienne. En réunissant autour d’une même table la quasi-totalité des belligérants s’affrontant sur le terrain, tout en écartant les groupes terroristes, les négociations d'Astana ont ouvert la voix aux négociations qui auront prochainement lieu à Genève.