Des pourparlers entre le gouvernement syrien et l'opposition se déroulent à Astana, au Kazakhstan, dans le cadre d'une initiative russo-turco-iranienne. Jaysh al-Islam un groupe armé important, participe également aux négociations.
Selon l'analyste politique Marwa Osman, le fait que le gouvernement syrien et les groupes d'opposition armée fasse partie des pourparlers «est une percée».
«C'était un gros problème, [de les réunir], c'est un énorme résultat. C'est le résultat de la réunion qui se tient maintenant à Astana. Autre chose : nous ne savions pas vraiment quels groupes seraient là, qui seraient les dirigeants. Et puis nous avons vu à la table de négociations le chef de Jaysh al-Islam Abdullah Mohammed Allouche, en personne. C'était une autre percée», explique-t-elle.
Le simple fait d'amener les «principaux protagonistes au conflit» syrien à la table des négociations est en effet déjà un résultat, poursuit l'analyste.
«Ensuite il y a une vraie discussion derrière ces portes closes», déclare Osman, soulignant qu'avant ce sommet de nombreux «participants - que ce soit les Iraniens, les Russes, ou les Turcs» n'étaient pas du tout sûrs que le gouvernement syrien et l'opposition acceptent de se retrouver face à face.
L'analyste suggère également que, désormais, alors que les participants aux pourparlers sont connus, «une rupture parmi les mercenaires ou les groupes d'opposition à l'intérieur du territoire syrien s’opposant à l'armée arabe syrienne» est probable.
«Cela les divisera, ce sera un point de rupture, un point de future querelle entre eux», ajoute-t-elle. «Il est possible que nous les voyons se battre sur le terrain [les uns contre les autres] après une telle réunion», affirme-t-elle.
Pour la première fois, la délégation de l'opposition à Astana comprend également des commandants des groupes militants, par opposition aux représentants politiques. Selon Marwa Osman, cela représente une bien meilleure perspective pour les négociations que dans le cas des pourparlers précédents, y compris ceux de septembre dernier à Genève.
Elle explique : «Nous avons vu des représentants politiques qui posaient toujours la même question : ont-ils réellement leur mot à dire sur ce qui se passe sur le terrain ? Ont-ils une influence sur les gens, sur les groupes, sur l'opposition armée qui opère sur le terrain, sur le champ de bataille à l'intérieur de la Syrie ?» C'était la question principale et la réponse était toujours négative. Il s’agissait des gens habillés en costume, menant des pourparlers, faisant des déclarations pour les médias, pour leurs partisans – que ce soit des soutiens du Golfe ou des soutiens occidentaux face au gouvernement syrien. Et jamais rien ne se passait...»
Lire aussi : Trois éléments frappants dans les négociations de la paix en Syrie à Astana