«Propagande russe» : l'UE décide de mettre les bouchées doubles
A l’approche des élections en France et en Allemagne, l’UE entend élargir un groupe de travail luttant contre la «propagande» russe, selon Deutsche Welle. Malgré l’absence de preuve de la dite «ingérence russe», des fonds seront débloqués.
Une agence de l’Union européenne, East Stratcom, créée en 2015 dans le cadre du Service européen pour l'action extérieure (SEAE) pour lutter contre ce que l’UE qualifie de «propagande russe», bénéficiera de financements supplémentaires, selon l'organisme de radio-diffusion internationale allemand Deutsche Welle (DW) qui cite un porte-parole des Affaires étrangères et de la politique de sécurité de l’Union.
Comme le note Deutsche Welle, pour l'heure, l'agence est composée de dix personnes qui cherchent ce qu’elles considèrent être des «fake news» avant de rédiger des démentis pour contrer leur propagation. Alors même que, comme le concède le site de Deutsche Welle, les origines de ces informations sont «très difficiles à tracer» et qu'«il est difficile de dire si la Russie est derrière [ces informations]», l’UE a décidé de renforcer les capacités de l'agence avant les élections en Allemagne et en France.
La Russie est de plus en plus souvent accusée, sans la moindre preuve, d’ingérence dans les affaires internes de pays occidentaux. Ainsi, même l’AFP, dans une dépêche publiée le 23 janvier et reprise par certains médias, a pu affirmer que la chancelière allemande Angela Merkel avait été en 2016 «une des cibles favorites de la "désinformation" orchestrée par la Russie». Citant une source d'East Stratcom, l’AFP explique que, l’année dernière, les attaques contre Angela Merkel se sont multipliées et pourraient être encore plus fréquentes avant les élections, en septembre prochain.
Pour l’UE, la Russie et Daesh, même combat
En novembre 2016, le parlement européen avait déjà voté une résolution visant à lutter contre la propagande russe et celle de Daesh, ni plus ni moins. Le document, controversé et sans valeur législative, appelle l’Union européenne à «répondre à la guerre de l’information de la Russie», mise par les parlementaires sur la même ligne que l'organisation terroriste Daesh. RT y est en outre cité comme un des «outils» de ladite propagande et la résolution va jusqu'à affirmer que Moscou a une grande influence sur le monde des médias dans certains pays de l’UE.
Qu'est-ce qu'East Stratcom sinon «une arme de propagande» ?
Tous les parlemenataires européens ne voient pas la Russie comme une menace pour l'UE. Ainsi, le député grec du Parlement européen Stelious Kouloglou (Syriza), se confiant à RT, a affirmé que l’organisation luttant contre cette menace russe n’était pas «crédible» : «C’est une arme psychologique, c’est une arme de propagande, donc [East Stratcom] n’est pas crédible pour moi en tant que journaliste et député européen.»
L’UE tente de blâmer quelqu’un pour ses propres problèmes, estime Stelious Kouloglou. «L’Europe va dans la mauvaise direction, et ce n’est pas la faute de Moscou. Nous ne regardons pas nos problèmes et nous contentons d'accuser les autres», a-t-il déploré.
Le chef du renseignement américain accuse RT d'avoir contribué à saper la présidentielle #UShttps://t.co/zFKYcC3JPCpic.twitter.com/yoPtDcfvQJ
— RT France (@RTenfrancais) 6 janvier 2017
Le parlementaire européen a en outre évoqué la victoire de Donald Trump aux présidentielles américaines et la réaction d'une partie de la classe politique et de la quasi intégralité des médias américains, ces derniers ayant immédiatement accusé la Russie d'ingérence. «Trump a vaincu parce qu’il a profité des erreurs des oligarques américains, des 1% qui deviennent de plus en plus riche, alors que 99% de la population américaine s’appauvrit. L’Europe va dans la même direction», a-t-il mis en garde.