Un demi-siècle de documents secrets de la CIA désormais disponibles en ligne
La CIA a mis en ligne près de 13 millions de pages de documents déclassifiés, dont des articles sur le rôle des Etats-Unis dans le renversement de gouvernements étrangers, ainsi que sur d'obscures méthodes de contrôle mental.
Ça y est ! La CIA a décidé de rendre accessibles au public près de 13 millions de documents déclassifiés traitant des périodes les plus complexes et obscures de l'agence au XXe siècle.
L'agence avait à la base l'intention de diffuser ces documents d'ici la fin 2017, mais a finalement décidé de les mettre en ligne avant.
Au total, plus de 13 millions de documents sont désormais accessibles. Ils relatent l'histoire de la CIA depuis sa création dans les années 1940 jusqu'aux années 1990. Les responsables du renseignement assurent que l'intégralité d'un demi-siècle a été publié et que rien n'a été supprimé.
La série de documents, connue sous le nom de données CREST (CIA Records Search Tool), couvre un large éventail de matériaux liés par exemple à la guerre du Vietnam, à la guerre de Corée et à la guerre froide.
CIA's Declassified Documents Database (Finally) Goes Online - https://t.co/roRVm6msK9
— Tara Calishain (@ResearchBuzz) 18 janvier 2017
On trouve ainsi par exemple des données sur le projet de tunnel de Berlin (ayant pour nom de code Operation Gold), projet conjoint de la CIA et du renseignement britannique visant à surveiller le siège de l'armée soviétique à Berlin durant les années 1950.
Entre autres détails importants, on y trouve également des données sur la participation de la CIA au coup d'état de 1973 au Chili, qui a entraîné la mise en place du régime d'Augusto Pinochet, ainsi que le tristement célèbre projet MK-Ultra, un obscur programme expérimental de contrôle mental effectué par la CIA sur des sujets humains (parfois totalement illégalement) et conçu pour développer des médicaments, ainsi que des procédures d'interrogatoire et de torture.
You can now access 13 million pages of top-secret CIA documents online https://t.co/qJsMlfOXzw
— IBTimes UK (@IBTimesUK) 18 janvier 2017
Ces documents avaient été déclassifiés en 1995, il y a plus de 20 ans, sous la présidence de Bill Clinton. Ils étaient «accessibles» au public depuis 2000, mais uniquement consultables sur quatre ordinateurs se trouvant dans le bâtiment des archives nationales, situé à College Park, dans le Maryland.
«L'accès à cette collection d'importance historique n'est plus limité par la géographie», a déclaré Joseph Lambert, directeur de la gestion de l'information de la CIA, dans un communiqué de presse. «Nous avons travaillé sur ce sujet depuis très longtemps. Désormais, chacun pourra accéder à ces documents depuis sa propre maison», a-t-il ajouté.
«Rien n'a été sélectionné, tout est là, le bon comme le mauvais», a confié la porte-parole de la CIA, Heather Fritz Horniak, à CNN, ajoutant que l'agence avait fait de petites expurgations de documents, mais uniquement pour protéger les sources et les méthodes qui pourraient nuire à la sécurité nationale.
Au cours des dernières décennies, environ 1,1 million de pages de la base de données de la CIA ont été imprimées par des historiens et des journalistes, mais l'agence a interdit la publication des documents eux-mêmes.
«Déclassifier tous les documents ne sert à rien si les gens ne peuvent pas y avoir accès», a déclaré au média BuzzFeed le directeur du Projet sur le secret du gouvernement à la Fédération des scientifiques américains, Steve Aftergood.
L'incapacité d'accéder à la base de données en ligne avait suscité l'indignation de nombreux Américains. En 2014, MuckRock, une organisation à but non lucratif, a déposé un Freedom of Information Act qui contraint les autorités à donner les informations réclamées à qui en fait la demande en vertu de la loi sur la liberté de l'information.
Mais la CIA a déclaré qu'il faudrait au moins six ans pour que les documents soient libérés. Les journalistes et les chercheurs ont alors lancé une campagne de crowdfunding via la plateforme en ligne Kickstarter pour numériser les documents, rassemblant plus de 15 000 dollars et dépassant ainsi leur objectif, ce qui leur a permis de mettre un certain nombre de documents en ligne.