Une journaliste américaine accuse la police allemande de discrimination

Une journaliste américaine accuse la police allemande de discrimination Source: Reuters
La police berlinoise pratiquerait-elle le contrôle au faciès ?
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Sandhya Kambhampati, une journaliste américaine de 24 ans, assure avoir été contrôlée 23 fois lors de ses neufs premiers mois de vie à Berlin. Elle a décidé d’enquêter sur le «profilage racial» des autorités et a récolté de nombreux témoignages.

En allant au musée, prenant le métro ou simplement en se baladant dans la rue, Sandhya Kambhampati dit avoir été contrôlée 23 fois en neuf mois par la police berlinoise. Cette jeune journaliste américaine en est convaincue : c’est la couleur de sa peau qui en fait une cible.  Selon le média d'information en ligne The Local, la première fois qu’elle a eu à faire à un agent de police, elle venait d’arriver en ville depuis quelques jours et s’apprêtait à faire un jogging. Elle a alors été sommée par un policier de s’expliquer sur son activité et de montrer ses papiers d’identité.

Frustration

«Quand j’ai été arrêtée, j’étais tellement fatiguée et touchée par le décalage horaire que honnêtement, je n’ai pas compris ce qu’il se passait», a raconté Sandhya Kambhampati à The Local.

Cet épisode n’a rien d’anormal et à l’époque, la journaliste n’en avait pas fait cas. Mais la répétition de ces contrôles va progressivement contrarier la jeune femme. «Je me suis dit : "C’est très ennuyant. Ca commence à devenir frustrant"», a-t-elle expliqué après plusieurs de ces contrôles policiers inopinés. Avant d’ajouter : «Cela vous fait réellement sentir comme une étrangère. Je ne me suis jamais sentie aussi étrangère que je suis en Allemagne.»

La jeune Américaine a comparé son sort à celui des migrants : «Je ne me sens pas la bienvenue et c’est ce qui me chagrine le plus car je pense au grand nombre de réfugiés qui arrivent dans le pays… Certains m’ont confié qu’ils étaient victimes de profilage raciale et qu’ils ne se sentaient pas chez eux. Ils devraient se sentir comme à la maison.»

En croisade

Sandhya Kambhampati a souhaité rencontrer le porte-parole de la police berlinoise. Selon elle, ce dernier s’est excusé et a déclaré que ces contrôles pouvaient être illégaux. Toujours d’après les dires de la journaliste, le porte-parole aurait avoué que les policiers n’iraient pas contrôler «un homme blond à l’apparence allemande» avant de se rétracter et de souligner qu’il s’était mal exprimé.

La reporter qui travaille pour Correctiv a décidé d’enquêter sur le sujet avec ses collègues. Elle est désormais à la recherche de témoignages de personnes ayant vécu les mêmes expériences.

Celle qui a grandi dans le New Jersey admet avoir été confrontée à la discrimination dans son pays d’origine. Mais selon elle, la situation est pire outre-Rhin. «En Allemagne, beaucoup de gens pensent que je viens d’Inde en se basant sur la couleur de ma peau plutôt que d’imaginer que je viens en fait d’un autre pays comme les Etats-Unis», a expliqué Sandhya Kambhampati à The Local.

«J’ai déjà connu ça aux Etats-Unis mais pas autant. Peut-être que cela s’explique par le fait que là-bas des gens d’ethnies différentes viennent s’installer dans le pays depuis des générations», a-t-elle ajoutée.

La jeune expatriée met particulièrement en cause le rôle des contrôles au faciès dans le manque d’intégration dont souffrirait une partie de la population : «Certaines des personnes auxquelles j'ai parlé et qui ont été confrontées à ce profilage racial ont vécu toute leur vie en Allemagne... et ils ne se sentent toujours pas inclus au sein de la société allemande. Et c'est grandement à cause de ces arrestations et de ces interrogatoires.»

La polémique de Cologne

D’après son entretien à The Local, elle s’est vue opposer un certain déni de la part de personnes qui n’ont jamais fait l’expérience de contrôle au faciès. Selon elle, ils étaient au mieux surpris ou ne la croyaient tout simplement pas. Elle affirme que c’est l’une des raisons qui l’a poussé à réunir des témoignages.

Un autre problème majeur que souligne Sandhya Kambhampati concerne la terminologie allemande. Elle assure qu’il n’existe pas de terme précis pour qualifier le profilage racial dans la langue de Goeth. D’après elle, plusieurs policiers allemands qu’elle a interrogé en leur demandant s’ils leurs arrivaient de pratiquer le «personenkontrollen aufgrund ethnischer Merkmale» [littéralement «le contrôle basé sur les caractéristiques ethniques»] se sont braqués pensant que la jeune journaliste les accusait de racisme.

Pour elle l’explication est historique : «Je pense que cela a beaucoup à voir avec l’histoire du mot "race" en Allemagne.» Elle fait la comparaison avec les Etats-Unis : «Là-bas, sur le recensement vous indiquez si vous êtes noir, Asiatique, Latino et ainsi de suite. Ici, il n’existe pas de statistique ethnique. Cela a rapport avec votre nationalité et pas nécessairement avec votre couleur de peau ou vos origines.»

Une récente polémique a contribué à mettre le sujet au coeur de l’actualité. La police de Cologne a été accusée par plusieurs perosnnalités politiques allemandes et Amnesty International d’avoir ciblé les migrants pour leurs contrôles lors du Nouvel An. Pour rappel, une vague d’agressions sexuelles avait frappé la ville lors des célébrations de la Saint-Sylvestre l’année précédente.

Le terme «Nafris», utilisé par la police dans un tweet a particulièrement mis le feu aux poudres. Désignant les Nord-Africains, il a entraîné de vives critiques de la part d’Amnesty International qui a qualifié les méthodes visant à mettre en place un profilage raciale de «violation des droits de l’Homme».

Sandhya Kambhampati espère dorénavant que son travail participera à déclencher un changement de mentalité. Même si elle sait qu’une évolution passera par l’intérieur du système : «Je ne pense pas que ce soit quelque chose qui peut être modifié du jour au lendemain ou même en un an. Les officiers de police et les hautes autorités peuvent travailler ensemble pour décider comment gérer la question du profilage racial. Ils doivent également discuter des moments lors desquels le pratiquer et des moments où ils ne le doivent pas.»

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