«Nafri» : le mot utilisé par la police de Cologne pour désigner les Maghrébins suscite l'indignation
Un terme issu du jargon policier se retrouve subitement au cœur de l'actualité en Allemagne, après son utilisation par la police de Cologne le soir du 31 décembre sur son compte Twitter. Certains politiques dénoncent un «racisme d'Etat intolérable»
Le chef de la police de Cologne a dû présenter des excuses après l'utilisation par ses services d'un terme jugé raciste pour désigner des Nord-Africains. Le soir du 31 décembre, en effet, dans la ville qui avait été le théâtre de multiples agressions sexuelles lors du réveillon 2016, les forces de police étaient mobilisées en nombre pour assurer la sécurité dans les lieux à haute fréquentation : communiquant comme à son habitude sur Twitter, la police de la ville a indiqué avoir «contrôlé plusieurs centaines de Nafris dans le quartier de la gare centrale».
#PolizeiNRW#Silvester2016#SicherInKöln: Am HBF werden derzeit mehrere Hundert Nafris überprüft. Infos folgen. https://t.co/VYMQuT6B7upic.twitter.com/cCVVdRwr9D
— Polizei NRW K (@polizei_nrw_k) 31 décembre 2016
En allemand, le terme «Nafri» est la contraction de «Nordafrikaner». Le mot n'est pas très répandu, si ce n'est dans le jargon policier, la plupart du temps réservé à un usage interne. Cela a conduit le chef de la police de Cologne à exprimer, dès le lendemain, son «profond regret» de voir un tel mot employé par ses services sur internet, précisant que «dans un tel contexte», l'usage du terme n'était pas approprié.
Mais, entre temps, la polémique a enflé dans les médias. Jugé foncièrement raciste par plusieurs personnalités publiques, principalement de gauche, le terme «Nafri» a déclenché de vives réactions sur Twitter dès les premières minutes suivant la publication du tweet de la police.
La députée Die Linke, Oezlem Alev Demirel, a qualifié l'usage de ce terme d'«inacceptable», estimant également qu'une «limite [avait] été franchie».
Tweet der #kölner#Polizei ist inakzeptabel! #racialprofiling = #Rassismus. Nicht nur mit dem Begriff #Nafris wurden Grenzen überschritten!
— Oezlem Alev Demirel (@OezlemADemirel) 1 janvier 2017
Le député Niema Movassat, également membre du parti Die Linke, a réagi à ce qu'il a également qualifié de «profiling racial» : «A la gare centrale de Cologne, les gens aux cheveux noirs sont donc interdits d'accès. Quand était la dernière fois que nous avons connu un tel racisme d'Etat ?»
In #koeln dürfen wohl Leute,wenn sie schwarze Haare haben,nicht zum HBF.So klaren strukturellen staatlichen Rassismus gab es nochmal wann?
— Niema Movassat (@NiemaMovassat) 31 décembre 2016
Les Verts ont également dénoncé l'utilisation d'un tel mot. La député Medeleine Henfling pointe plus précisément du doigt «le problème du racisme dans la police».
Wir haben ja kein Problem mit #Rassismus bei der #Polizei Hat schon der #NSU - Komplex gezeigt! Oh wait... #racialprofiling#Kölnhttps://t.co/aeSlJUiVeE
— Madeleine Henfling (@henfling_m) 1 janvier 2017
L'humoriste vedette Jan Böhmermann a lui ironisé sur Twitter : «Quelle est la différence entre Nafri et nègre, au juste ?»
Was ist eigentlich der Unterschied zwischen Nafri und Neger?
— Jan Böhmermann (@janboehm) 1 janvier 2017
A l'inverse, Frauke Petry, la représentante de l'Alternative für Deutschland (AfD), parti qui a à plusieurs reprises suscité la polémique outre-Rhin pour ses propos qualifiés de xénophobes, a elle défendu l'usage du terme, ironisant sur les intentions des Nord-Africains contrôlés à proximité de la gare : «Les Nafris voulaient sans doute simplement se joindre à la chorale religieuse. Il faut bien se mettre quelque chose sous la dent...»
#Nafris wollten sich wahrscheinlich nur dem Kirchenchor anschließen.
— Frauke Petry (@FraukePetry) 1 janvier 2017
Irgendein Fressen musste ja gefunden werden...#AfD#silvester *