Guerre de l'information : Facebook accepte de confier le contrôle de ses contenus à des tiers

Guerre de l'information : Facebook accepte de confier le contrôle de ses contenus à des tiers
Le secrétaire d'Etat américain Colin Powell tente de convaincre le Conseil de sécurité de l'ONU de l'existence d'armes de destruction massive en Irak en 2003, ©Reuters/Ray Stubblebine
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Le «vieux monde» des médias veut reprendre la main, et les élites veulent pouvoir contrôler ce que les masses lisent. Accusé d'avoir fait le jeu de Donald Trump aux Etats-Unis, Facebook fait amende honorable et s'attaque aux «fausses informations».

Le fondateur de Facebook a fini par plier. Accusé d'avoir favorisé l'élection de Donald Trump en laissant se propager des «fausses informations» sur son réseau social géant, Mark Zuckerberg, après avoir tenté de défendre Facebook, a accepté de mettre en place des mesures visant à lutter contre la «désinformation».

Selon Associated Press (AP), le réseau social s'attaquera donc, désormais, en priorité au «pire du pire». Les informations jugées fausses seront marquées comme telles, et les algorithmes ajustés afin que l'histoire soit enfouie dans les classements. En clair, Facebook interviendra – manipulera pourrait-on dire – le classement des posts les plus vus, ce afin d'étouffer les informations jugées comme fausses.

Mais là où les choses se compliquent, c'est qu'il faut bien confier l'estimation de ce qui est vrai ou faux à des humains, d'autant que les algorithmes de Facebook n'ont pas suffi à endiguer les informations dites fausses, du moins non conformes aux normes des médias dominants, comme le déplore The Guardian, dès le lendemain de la défaite d'Hillary Clinton, participant au lancement du concept de «fake news», en parlant de «défaillance» de Facebook.

Censure confiée... à des activistes 

Le réseau social aux quelque 2 milliards d'utilisateurs va donc mettre en place une nouvelle fonctionnalité qui permettra aux utilisateurs de signaler des contenus qu'ils jugeraient faux. Passé un certain nombre de signalements, Facebook transférera alors les posts incriminés à un panel de 43 acteurs revendiquant le statut de «fact-checkers».

Parmi ces nouveaux juges, des «vieux» médias dont l'agence de presse AP, précisément, et le réseau australien ABC News, lequel comme son nom l'indique, ne s'appelle pas «ABC Fake news». AP, à la fois juge et partie, s'en est félicité, en profitant pour donner des conseils d'adulte aux plus vulnérables des internautes. Il leur est notamment suggéré de vérifier ce qu'ils lisent sur les réseaux en recoupant avec ce qu'en disent le New York Times, ABC News et... AP. Logique.

Autre fact-checker : le Washington Post, dont on se souvient qu'il s'est pris les pieds dans le tapis, obligé de se rétracter dans un éditorial après avoir accusé fin novembre les médias «russes» d'avoir «aidé le Républicain Donald Trump et d'avoir sapé les fondements de la foi en la démocratie américaine».

Mais le panel inclut aussi des sites auto-proclamés de «fact-checking», c'est-à-dire de «vérification desfaits». Dans cette catégorie de «pure-players», Facebook a choisi trois acteurs privés et soi-disant indépendants : FactCheck.org, Politifact et Snopes.

Guerre de l'information : Facebook accepte de confier le contrôle de ses contenus à des tiers
Capture d'écran du site «anti-rumeurs» Snopes.com, le 15 décembre 2016

Ce dernier, notamment, fait polémique, se disant ouvertement d'extrême gauche et indique sur son site n'être financé par personne, si ce n'est par les bandeaux publicitaires fournis automatiquement par Google. La FAQ a même prévu une réponse pour ceux qui seraient inquiets d'une influence du gourou des marchés financiers George Soros.

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FAQ du site Snopes.com, capture d'écran

«Propagande» et «désinformation» : nouvelles armes de contrôle 

Le monopole des «vieux» médias sur l'information est largement entamé par de nouvelles sources d'informations et ces derniers tentent de conserver le pouvoir de dire ce qui est vrai et ce qui est faux, à l'instar des «Décodeurs» du Monde, qui dispensent les mêmes conseils éducatifs à leurs lecteurs. Mais le danger est que, sous couvert de lutte contre les «hoax», les informations alternatives soit visées. Il suffit aux autorités, aux think tanks ou à ces fact-checkers de les considérer comme tels.

La Maison Blanche a ainsi fustigé les médias américains qui ont relayé les révélations de WikiLeaks concernant la candidate Hillary Clinton, les qualifiant d'«armes du renseignement russe». Mais ici, c'est la stratégie inverse qui est appliquée : les révélations de WikiLeaks ne sont pas attaquées sur le fond, sur le fact-checking. Elles le sont sur la façon dont elle ont fuité, qu'importe, pour la Maison Blanche, que les emails publiés étayent un faisceau de présomptions concernant le détournement de fonds de la Fondation Clinton ou l'éventuelle responsabilité de la candidate malheureuse démocrate dans l'attentat de Benghazi en Libye en 2012, ou encore l'utilisation illégale d'une adresse email personnelle.

Entre «fake news» et accusations commodes contre la Russie, les journalistes indépendant de l'avenir ont de quoi s'inquiéter. A moins que le système ne se retourne contre lui-même et que les utilisateurs de réseaux ne signalent des informations d'AP ou d'ABC News. Dans ce cas, ces derniers auraient alors le privilège de se juger eux-mêmes.

Alexandre Keller

Lire aussi : Quand une opinion devient-elle de la propagande ?

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