Si l'on dit qu'il y a quelque chose que les gouvernements américain et européens prennent mal, il ne s'agit pas nécessairement de propagande russe mais de ce qu'on appelle la critique, l'analyse, estime l'analyste du droit et des médias, Lionel.
Le Washington Post se distancie d'un groupe qu'il a utilisé comme source pour un article sur de «fausses nouvelles» et la soi-disant «propagande russe».
Le journal a répondu à la masse de critiques en affirmant que le rapport sur lequel s'est fondé son article était vicié et que le groupe l'ayant réalisé n'était pas digne de confiance.
Dans la version initiale de l'article, le Washington Post a effectivement accusé 200 sites d'information américains d'être des «colporteurs de routine» de la propagande russe. Il se référait à une liste établie par un collectif peu connu appelé «PropOrNot» qui, à en croire l'auteur du papier, serait composé d'analystes politiques «indépendants» et d'informaticiens.
Une note de l'éditeur est apparue plus tard au-dessus de l'article affirmant que le journal ne pouvait pas se porter garant pour ce groupe.
Certains journalistes ont lancé leurs propres enquêtes. Et, comme il s'est avéré, le simple fait de contester la rhétorique des principaux médias américains était suffisant pour inscrire quelques médias dans la liste noire de la propagande russe.
RT : Que pensez-vous de la présumée «enquête» du Washington Post sur la propagande russe ?
Lionel : L'une des choses que je trouve tout à fait fascinante, c'est la façon dont nous parlons maintenant aux Etats-Unis des «fausses nouvelles» et cela s'inscrit dans cette logique de propagande, en particulier de la propagande russe. Dans aucun de ces deux cas personne n'a jamais défini ce qu'était une «fausse nouvelle» et ce qu'était «la propagande». Pourtant nous en parlons tout le temps. Nous sommes alors incapables de comprendre quand l'opinion de quelqu'un qui ne n'est pas conforme à votre opinion, passe d'une [opinion] «opposée» à une [information] «fausse» ? Où est la limite entre la propagande et l'information, quand cela ne colle pas avec votre vision du monde ? Personne ne peut répondre à cette question.
Washington Post a été réduit à cela ? Je suis choqué
RT : La presse a cité PropOrNot, un groupe censé être composé d'analystes politiques indépendants. Maintenant, il semble que le Washington Post serait en train de faire marche arrière concernant ses accusations en disant qu'il ne peut pas se porter garant pour l'information et le groupe ayant mené l'enquête. Qu'en pensez-vous ?
Lionel : Le Washington Post... je croyais avoir tout vu. Ils utilisent un groupe qu'ils sont incapables de contrôler, de vérifier, d'authentifier, pour les présenter comme une source valide pour fournir la proposition que certains sites d'information font de la propagande russe et / ou [publient] de fausses nouvelles. Sans même examiner minutieusement ses membres ? Imaginons que je décide de lancer demain mon propre site web et que je vais avoir ma propre liste de 100 sites qui font de la propagande chinoise, de la propagande italienne, et personne ne me demande : «Qui êtes-vous» ? Sur quoi vous fondez-vous pour faire cette proclamation ? Et de voir que c'est ce que fait le Washington Post. Connaissez-vous la réputation de ce journal dans l'histoire moderne ? The Washington Post : Woodward et Bernstein, Watergate, c'était entre le New Times et Washington Post... Ils étaient au coude à coude pour ce que beaucoup de gens considéraient comme les meilleurs exemples de journalisme, sans exception. Et ils ont été réduits à cela ? Je suis choqué.
RT : Sommes-nous témoins d'une sorte de limitation des dégâts ?
Lionel : Limitation des dégâts ? Disons-le de cette façon : une fois que le patient est mort, c'est un peu difficile de vérifier les dégâts. C'est embarrassant. Le seul contrôle des dégâts qu'ils auraient pu faire, c'est de retirer cet article. Lâcher ce groupe, ne pas répéter [ses assertions]. Ne faites pas circuler l'histoire avec un déni de responsabilité inscrit au-dessus haut de celui-ci. Si l'histoire n'est pas valable, si les sources que vous avez citées ne sont pas dignes de confiance, s'il n'y a aucun moyen pour vous de vérifier leur authenticité ou leur capacité à faire des déclarations sur ce qui est ou ce qui n'est pas de la propagande, retirez l'article. Pourquoi lisons-nous encore ceci avec cette petite réserve au sommet, ce petit avertissement ? C'est stupéfiant.
Chaque pays veut propager et faire entendre sa parole
RT : Un autre média, Voice of America, a publié un entretien avec David Kramer, directeur principal des droits de la personne de McCain Institute. Il affirme que «les représentants de RT aux Etats-Unis tentent de participer au dialogue entre les journalistes et les responsable de presse des agences gouvernementales. Ils essaient de semer le doute dans l'esprit des gens : ils prétendent que le gouvernement ne dit pas la vérité et qu'il existe une autre vérité». Il s'engage également à tracer une ligne entre les «vrais journalistes» et ceux de RT. Qu'en pensez-vous ?
Lionel : N'est-ce pas ce que fait le journalisme ? N'est-ce pas essentiellement ce que tout le monde fait ? C'est propre à chaque pays, à toute idéologie, à chaque politicien, à chaque dirigeant religieux de changer et d'affecter, de modifier la façon dont les gens pensent.
Chaque pays veut propager et faire entendre sa parole. C'est ce que tout le monde fait. Dites-moi, quand une opinion devient-elle de la propagande ? Mais qu'est-ce que cette «propagande russe» ? Il y a deux choses. La propagande russe c'est : «Nous sommes la Russie. Nous sommes grands» ou [est-ce] le gouvernement américain ou le gouvernement européen se trompe ? [En l'état actuel des choses], il ne s'agit pas nécessairement de propagande russe. Il s'agit de ce qu'on appelle la critique, de ce qu'on appelle l'analyse. Ils confondent souvent ceux qui critiquent ou trouvent une erreur avec [la notion de] propagande russe.
Les opinions, assertions et points de vue exprimés dans cette section sont le fait de leur auteur et ne peuvent en aucun cas être imputés à RT.