Facebook fait scandale en censurant une photo iconique de la Guerre du Vietnam puis se ravise
- Avec AFP
Facebook a plié face à la fronde de ses utilisateurs norvégiens, dont le Premier ministre Erna Solberg, qui ont déploré la censure de la célèbre photo d'une enfant vietnamienne nue brûlée au napalm.
Erna Solberg a défié Facebook en publiant sur le réseau la photo prise en 1972 par le Vietnamien Nick Ut Cong Huynh (Associated Press), joignant sa voix aux critiques qui ont émergé ces derniers jours dans le pays scandinave. Et on peut dire que cela a porté ses fruits. «Nous avons décidé de rétablir l’image sur Facebook là où nous sommes au courant qu’elle a été retirée», a indiqué un porte-parole du groupe, ajoutant qu'avait été pris en compte les réactions de sa communauté d’utilisateurs et du «statut d’image emblématique et d’importance historique» du cliché en question.
Le fameux cliché montre une fillette nue de neuf ans fuyant sur une route, hurlant de douleur et de terreur, après une attaque américaine au napalm sur son village.
#Facebook éreinté en Norvège pour avoir censuré la photo de la fille brûlée au napalm https://t.co/RVdjjMMxGF#AFPpic.twitter.com/Z8aJ4hza2Y
— P_Deshayes (@P_Deshayes) 9 septembre 2016
Facebook avait initialement supprimé son message contenant la célèbre photo, ce qui en a fait le premier cas connu de censure d'un chef de gouvernement sur le réseau social.
«Pendant que j'étais dans l'avion entre Oslo et Trondheim, Facebook a supprimé un post de ma page Facebook», a écrit Erna Solberg, sur le réseau social. «Ce que Facebook fait en supprimant des photos de ce type, aussi louables soient leurs intentions, c'est d'éditer notre histoire commune», a-t-elle ajouté.
Le réseau social a supprimé ces derniers jours la photo, voire suspendu les comptes, de plusieurs commentateurs norvégiens, arguant que la publication de la photo violait ses règles sur la nudité. Ces mesures ont initié un débat dans le pays scandinave, qui se veut souvent le chantre des libertés.
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«J'apprécie le travail de Facebook et d'autres médias pour stopper les images et les contenus montrant des mauvais traitements et de la violence. Il est important que nous contribuions tous à lutter contre la violence et les mauvais traitements à l'encontre des enfants», a écrit le Premier ministre sur sa page Facebook.
(Attention cette vidéo contient des images choquantes)
«Mais Facebook fait fausse route quand il censure de telles photos. Cela contribue à freiner la liberté d'expression», ajoute-t-elle, recueillant rapidement plus de 2 200 mentions «J'aime».
Le 9 août, le plus grand journal norvégien Aftenposten a reproduit en Une la fameuse photo accompagnée d'une lettre ouverte sur deux pages adressée à Mark Zuckerberg, le fondateur du populaire réseau social.
Vietnam napalm girl acording to #Facebook - @nickut@tomegelandpic.twitter.com/2E3ylMxo9J
— Torbjørn Brandeggen (@TV2Tobba) 5 septembre 2016
«Je t'ai écrit cette lettre parce que je suis préoccupé par le fait que le média le plus important au monde bride la liberté au lieu d'essayer de l'étendre et parce que cela se produit d'une façon parfois autoritaire», écrit le rédacteur en chef Espen Egil Hansen, sous le titre «Cher Mark».
Quelques jours auparavant, Facebook avait enjoint Aftenposten lui-même de retirer la photo, puis l'a supprimée de la page du quotidien avant même que sa rédaction n'ait répondu à cette injonction.