Sanctions contre la Russie : les Européens de plus en plus divisés et contradictoires
Alors que certains des poids lourds de l'Union européenne continuent d'imposer la politique de sanctions contre la Russie, tenant pour acquis qu'elle serait un des belligérants du conflit en Ukraine, de plus en plus de voix discordantes s'élèvent.
Il y a les partisans d'une ligne dure, telle la chancelière allemande Angela Mekel, qui ne voit pas de raison de lever les sanctions européennes contre la Russie, du moins dans l'immédiat. Mais qui a déclaré également qu'elle aurait «été la première à lever les sanctions visant la Russie» et déployer «tous les efforts afin de rétablir de [bonnes] relations avec la Russie qui rendraient les sanctions non nécessaire».
'Yardstick for future': Merkel doesn't see end for EU sanctions against Russia #newslinehttps://t.co/b3vTmclTnhpic.twitter.com/XDlgndmgXX
— RT (@RT_com) 19 août 2016
Même son de cloche plus ou moins du côté de François Hollande, qui emboîte le pas à la chancelière avec la même double rhétorique un peu confusante, qui souhaite à terme une levée des sanctions mais en même temps pose le respect des accords de Minsk, signés en février 2015, comme la condition sine qua non de la levée des sanctions. Rhétorique, qui au moyen d'un non-dit et d'un présupposé, permet de considérer comme acquis que l'échec de l'application des accords de Minsk serait de la responsabilité de la Russie.
Malgré une interprétation européenne biaisée des accords de Minsk...
Or l'Ukraine a – pour le moins – sa part de responsabilité dans la non application des accords négociés sous le patronage de l'Allemagne, de la France et de la Russie (et non pas entre la Russie et l'Ukraine) pour tenter d'apporter une solution au conflit entre le Donbass, région de l'Est de l'Ukraine et le pouvoir central de Kiev. Le gouvernement ukrainien a ainsi manqué à son obligation de mener une réforme constitutionnelle avant fin 2015 et d'adopter une loi accordant un statut spécial aux régions du Donbass.
La Russie, quant à elle, n'a pas varié et a qualifié d'«absurde» la corrélation des sanctions contre la Russie à l'application des accords de Minsk, car il s'agit du point de vue du droit international d'une guerre civile entre le pouvoir de Kiev et le Donbass, la Russie étant extérieure au conflit. Mais les dirigeants comme les médias dominants européens s'obstinent à présenter les accords de Minsk comme une médiation entre les deux belligérants que seraient l'Ukraine et la Russie.
... de plus en plus de voix s'élèvent contre les sanctions
Aux Pays-Bas, le Parti néerlandais pour la Liberté travaille sur un projet de référendum sur la sortie de l’UE. Si le pays quittait l’Union, Amsterdam lèverait avant toute chose les sanctions contre la Russie, explique le chef du parti Geert Widers au journal russe Izvestiya.
Le politicien estime en effet que l’indépendance néerlandaise est directement liée à la levée des sanctions contre la Russie. Quitte à organiser un «Nexit», à l'instar du référendum britannique du 23 juin dernier. Pour Geert Wilders, l’Union européenne est «un monstre expansionniste» qui prend ses décisions sans écouter l’opinion de ses gens, et «ne doit pas dicter aux Pays-Bas avec qui ils doivent avoir des relations économiques et politiques».
«Le rétablissement des relations avec la Russie est une direction prioritaire pour un pays traditionnellement commercial, les Pays-Bas l’ont toujours été. Et la levée des sanctions contre la Russie aujourd’hui est une condition nécessaire pour un futur prospère», a confié au journal russe Izvestiya Geert Wilders, chef du Parti pour la liberté.
Quand les sanctions contre la #Russie se retournent contre les économies des pays de l'#UE: https://t.co/1mnDkXlwkbpic.twitter.com/EikB2zDeOg
— RT France (@RTenfrancais) 6 juillet 2016
Mais les Pays-Bas ne sont pas le premier pays où des voix se font entendre pour faire lever les sanctions contre la Russie. En avril dernier, en France, l’Assemblée nationale avait voté en faveur d’une proposition de résolution visant à ne pas prolonger les sanctions contre la Russie, et en juin, le Sénat a adopté par 302 voix contre 16 cette résolution. Les parlements régionaux italiens de Lombardie, Ligurie et Vénétie ainsi que le parlement chypriote ont aussi adopté des résolutions de ce type.
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