Un mufti russe déclare que l’excision réduit la perversité, puis affirme à RT que c'était une blague
Après une intense médiatisation, un haut responsable musulman russe retire ses mots, selon lesquels toutes les femmes devraient être excisées pour «réduire la quantité de péchés dans le monde». Selon lui, il aurait été mal interprété.
La phrase du mufti Ismaïl Berdiev, chef du Centre de coordination des musulmans dans le Caucase du Nord, selon laquelle «toutes les femmes doivent être excisées pour réduire la perversité dans le monde et maîtriser les désirs sexuels» et qu’il a prononcée le 16 août dans une interview accordée à Interfax, a été rapidement reprise en masse par les médias russes. La déclaration a suscité l’indignation des organisations de défense des droits de l’homme ainsi que des responsables musulmans en Russie. Le vice-président du Conseil des muftis russes, Rouchan Abbyassov, a ainsi indiqué qu’Allah «interdi[sait] de se mutiler» et que l’excision était «étrangère à l’idéologie de l’islam».
Après une avalanche de critiques, le mufti Ismaïl Berdiev a exprimé ses regrets et a retiré ses propos. Dans sa conversation téléphonique avec RT il a donné une opinion tout à fait différente de sa précédente déclaration : «Bien sûr je pense que l’excision relève de la barbarie médiévale. Mais c’est une affaire de famille et nous ne devons pas nous en mêler.»
«Un média m'a demandé si j’étais au courant de la pratique de l’excision. J’ai dit que je l’étais, bien que cela ne fasse pas partie de la charria», a confié à RT Ismaïl Berdiev. «Puis j’ai ajouté à la blague que, s’il y en avait plus [de l’excision], il y aurait moins de perversité dans le monde. Et les médias ont imprimé mes propos et développé cette histoire…et depuis j’entends que le religieux veut stériliser toutes les femmes», a-t-il expliqué au sujet de sa déclaration sur l’excision qui a fait beaucoup de bruit dans les médias russes.
La question de l’excision a été soulevée en Russie après la publication d’un rapport d'une organisation de défense des droits de l’homme «Initiative de la justice russe». L’organisation a interrogé des dizaines de femmes dans les communautés du Daghestan dans le Caucase russe qui ont déclaré que cette pratique existait dans certains villages et communautés. S'il est impossible d’obtenir des chiffres sur un tel sujet, le groupe indique que des dizaines de milliers de femmes auraient subi l'opération, habituellement effectuée avant l'âge de trois ans, depuis les années 1970.
En 2012 l’Assemblée générale de l’ONU avait appelé à interdire l’excision à travers le monde. Plus de 200 millions de femmes, en Afrique pour la plupart, ont subi ce traitement qui provoque fréquemment infections et complications.