Viols et violences contre des étrangers au Soudan du Sud : «Les Casques bleus ont refusé de venir»

Viols et violences contre des étrangers au Soudan du Sud : «Les Casques bleus ont refusé de venir» Source: AFP
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Une centaine d'hommes vêtus d'uniformes militaires sud-soudanais ont perpétré des violences dans un hôtel fréquenté par des étrangers, mi-juillet, alors que des Casques bleus se trouvaient à proximité. Des témoins livrent leur récit.

Huit survivants de viols et violences commis dans la nuit du 11 juillet dernier par des militaires du Soudan du Sud dans la capitale du pays, Djouba, ont confié leurs témoignages glaçants à l'agence Associated Press.

Cette nuit-là, après une semaine de violents affrontements dans la ville entre les partisans et les adversaires du président Salva Kiir, un employé de l'hôtel Terrain, fréquenté par des étrangers, dit avoir vu entre 80 et 100 hommes portant les uniformes de l'armée sud-soudanaise envahir l'établissement. «Ils étaient très excités, très saouls, sous l'influence de quelque chose, presque dans un état de folie» témoigne un Américain qui se trouvait sur place. L'homme raconte que, pendant une heure environ, les soldats l'ont frappé et ont tiré des coups de feu près de ses pieds et de sa tête, avant de lui ordonner de partir.

Pendant ce temps, des soldats se sont introduits dans un appartement du complexe hôtelier où, selon une entrepreneur américaine ayant été blessée à la jambe, ils ont agressé sexuellement une femme et tiré avec leurs armes à travers la porte d'une salle de bain où plusieurs personnes se cachaient.

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Meurtre d'un journaliste sud-soudanais

Durant leur assaut de l'hôtel, les militaires ont trouvé un journaliste sud-soudanais, du nom de John Gatluak, dont les cicatrices tribales témoignaient de son appartenance à la même communauté que le leader de l'opposition, Riek Machar.

D'après un témoin philippin, les soldats ont traîné le journaliste devant les clients étrangers de l'hôtel, à qui ils ont ordonné de se réunir en demi-cercle. Puis ils ont clamé : «Cet homme a exprimé de la haine à l'encontre des Etats-Unis !», ce à quoi le journaliste a répondu : «Vous avez ravagé ce pays. Vous aidez les rebelles.» Un militaire a alors crié «Nuer !» – le nom du peuple auxquels les tatouages de l'homme le rattachaient – avant de tirer une balle dans la tête de la victime.

Des forces de sécurité sud-soudanaises sont finalement intervenues pour stopper les violences, quatre heure après l'entrée des soldats dans l'hôtel. Durant ce laps de temps, au moins cinq femmes auraient été violées et de nombreux individus auraient été passés à tabac et volés, alors que des Casques bleus étaient stationnés à moins de deux kilomètres. 

Une inaction coupable des forces de maintien de la paix de l'ONU

Depuis le début de l'attaque, affirme Associated Press, les victimes du complexe hôtelier ont envoyé des mails, des SMS et même des messages Facebook appelant à l'aide. «Chacun d'entre nous essayait de contacter qui que se soit. L'ONU, l'ambassade américaine, des bataillons spécifiques des Casques bleus, des départements spécifiques...» assure une femme, qui dit avoir été violée par 15 hommes. Similairement, l'Américain qui a été libéré après une heure de violences affirme avoir requis de l'aide auprès de trois différents bataillons de l'ONU : «Les Ethiopiens, les Chinois, les Népalais – tous ont refusé de venir.»

En effet, d'après des informations internes du Centre des opérations des Nations unies à Djouba consultées par Associated Press, l'établissement onusien a été averti de l'assaut quelques minutes seulement après son déclenchement, puis a reçu plusieurs autres appels à l'aide.

Après la révélation du drame, le porte-parole de l'armée du Sud-Soudan n'a pas nié les faits, mais a tenu à préciser qu'il était prématuré de conclure à la responsabilité de l'armée, tout le monde, selon lui, pouvant avoir accès à des uniformes militaires et des armes.

L'ONU, de son côté, a déclaré avoir lancé une investigation sur la passivité des Casques bleus de Djouba. L'ambassade américaine, en revanche, n'a pas souhaité répondre aux questions d'Associated Press sur sa non-réaction aux appels à l'aide cette nuit-là.

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