L'auteur du rapport de l'AMA sur le dopage : «Pas le temps de demander l'avis de la Russie»
Richard McLaren, l'expert qui accuse les athlètes russes du dopage, a déclaré à RT qu'il n'avait pas demandé d’éclaircissement au ministère russe des Sports, affirmant avoir assez de preuves qu’il ne rendrait pas publiques.
Le 19 juillet, l'Agence mondiale antidopage (AMA) a présenté les résultats de l'enquête qu’elle avait commandé à l’avocat canadien Richard Mclaren, pour faire le point sur la véracité des allégations qui laissaient entendre que les athlètes russes avaient participé à des programmes de dopage importants qui auraient vraisemblablement été couverts par l'Etat russe.
Richard McLaren a déclaré qu'il «n'avait pas eu de contacts» avec les responsables russes. Interrogé sur l’éventuelle utilité, pour son enquête, de communiquer avec des représentants russes, l'avocat a déclaré qu'il avait des preuves «assez concluante concernant ce qui se passait».
Il est «certainement possible» que d'autres Etats puissent être engagés dans des programmes similaires
«Alors, je n'ai pas eu besoin d'explication de la part de quelqu'un d'autre qui ne ferait que nier ce qui se passait», a-t-il notamment souligné.
Le témoignage de l'ancien chef du laboratoire anti-dopage de Moscou, Grigory Rodchenkov, a été évoqué par les enquêteurs de l'AMA en tant que preuve principale. L’ancien responsable russe a reconnu qu’il faisait lui-même partie du système, et a déménagé aux Etats-Unis après à la fermeture de son laboratoire en octobre dernier.
«Je ne m’appuie pas uniquement sur son témoignage. Je m’appuie sur les éléments de preuve de l'analyse médico-légale et de laboratoires pour confirmer ce qu'il a dit», affirme Richard McLaren en évoquant les allégations de Grigori Rodchenkov. L’une des allégations était que les échantillons de dopage ont été échangés avant les contrôles. «Cela pourrait être une possibilité», a déclaré le Canadien, après que son équipe et lui aient mené des expériences en essayant de manipuler les échantillons d'essai.
Tous les éléments de preuve sont mis sous clé. Et on ne va pas les publier
«Tout ce travail d'analyse scientifique et de laboratoire m'a rendu plus confiant quant à l'information recueillie et l’a confirmée», a déclaré Richard McLaren.
L’intéressé a également souligné qu’il était «certainement possible» que d'autres Etats puissent être engagés dans des programmes similaires. Les échantillons «sont susceptibles d'avoir subi des manipulations. Nous avons mené une expérience qui l’a confirmé», a confié à RT l’auteur du rapport de l'AMA.
Cependant, il s’est abstenu d'expliquer la technique exacte utilisée par son équipe pour simuler l'ouverture des récipients d'échantillons. «J'ai décidé de ne pas le faire. Tout ce que je peux dire, c’est que cela a été conçu par mes experts, comme une expérience, et je suis satisfait de leur travail», a dit McLaren, ajoutant qu'il n’était «pas intéressé à placer [dans] ... le domaine public la technique elle-même».
Richard McLaren a admis qu'il «ne pourrait pas dire» que l'équipe «a cherché toutes les sources possibles
La large implication présumée du gouvernement russe, du ministère des Sports et du Service fédéral de sécurité, le FSB, a également été évoquée dans le rapport de l'AMA publié le 18 juillet.
«Les preuves de l’implication du gouvernement proviennent des données électroniques, des fichiers électroniques récupérés après avoir été supprimés et d'autres sources similaires. Elles démontrent des communications électroniques, d'autres types de communications et comment le système fonctionnait [remontant] jusqu'au ministre des Sport», a déclaré Richard McLaren. Il a ajouté qu’il n’y aurait pas d’accès public aux données qui prouvent ses allégations.
«Tous les éléments de preuve sont mis sous clé. Certains d'entre eux ont été fournis par le biais d’arrangements confidentiels. Nous ne les avons pas publiés mais nous les avons pour sûr. Et on ne va pas les publier», a déclaré Richard McLaren, en citant la nécessité de préserver l’anonymat de ses sources.
Richard McLaren a réalisé son enquête en 57 jours, et a déclaré que les preuves étaient suffisamment solides. Il a admis qu'il «ne pourrait pas dire» que l'équipe «a cherché toutes les sources possibles. C’est impossible de le faire en 57 jours et je mentirai aux gens si je disais que je l’avais fait».
Le 19 juillet, le Comité international olympique (CIO) se réunira pour une conférence téléphonique au cours de laquelle il décidera des mesures à prendre après la publication de ce rapport.