Theresa May remet en question la convention européenne des droits de l'homme
La Secrétaire d'Etat à l'Intérieur du Royaume-Uni Theresa May considère que son pays devrait abandonner la convention européenne des droits de l'homme, indépendamment du résultat du référendum sur le Brexit.
Selon Theresa May, la convention européenne des droits de l'homme «lie les mains du Parlement, n'améliore en rien [la] prospérité, affecte [la] propre sécurité» du Royaume-Uni et ce dernier devrait prendre ses distances avec la convention européenne des droits de l'homme et la juridiction de sa cour. Elle estime que cette convention est responsable du retard dans l'extradition de l'extrémiste Abu Hamza et d'avoir presque empêché celle d'Abu Qatada. Son discours a soulevé une vague d'indignation sur Twitter.
My cartoon - the latest Tory to vow to relieve us of the burden of the Human Rights Act is Theresa May#BBC1Newspic.twitter.com/Rduh2XHcr3
— Martin Shovel (@MartinShovel) 25 avril 2016
Le discours de May sur les droits de l'homme en Europe ne semble pas lui apporter les faveurs de la population, certains s'interrogeant même sur sa compréhension du document.
Just read Theresa May said yesterday that ECHR binds Parliament. Maybe she needs to read the Human Rights Act because it clearly does not!
— Faisal Memon (@FaisalMemon21) 26 avril 2016
So Theresa May wants out of European Human rights Act because it "adds nothing to our prosperity". Says it all. It's sort of not the point.
— Bileys Mullet (@BileysMullet) 26 avril 2016
Les critiques pleuvent
Le secrétaire à la justice Charles Falconer a estimé qu'il s'agissait là d'un commentaire «très ignorant, très anti-libéral, très déplacé. Ignorant parce que vous devez adhérer à cette convention pour être un membre de la CE et anti libéral, parce qu'il doit y avoir une source hors du gouvernement pour déterminer ce que sont les droits de l'homme.»
Le conservateur David Davis parle d'une «extraordinaire inconsistance» que de vouloir quitter la convention tout en restant dans l'Union Européenne.
Pour le libéral démocrate Tim Farron : «L'obsession de Theresa May pour l'érosion des droits de l'homme vient d'atteindre un nouveau creux et le débat sur le référendum prend des allures de course au leadership du parti Tory.»
Les commentaires de May vont aussi directement à l'encontre de quelques-uns de ses collègues de cabinet, tel que Michael Gove, ministre de la Justice, à l'origine d'un projet de loi britannique basé sur l'adhésion de l'Angleterre à cette convention. Officiellement, la ligne du leader David Cameron parle d'une réforme essentielle et laisse la porte ouverte à toute option, même si la position de son gouvernement dit ne pas envisager l'abandon de la convention.
Un soutien pour Theresa May
Pour sa part, l'ancien secrétaire d'état au travail Iain Duncan Smith approuve l'intervention de Mme May, la qualifiant de «remarquable.» Duncan Smith a déclaré que l'immigration était «hors de contrôle» et «qu'un gouvernement élu au Royaume-Uni, élu pour réduire l'immigration, [ne puisse faire ce qu'il doit faire], parce que l'UE est une frontière ouverte. Vous ne pouvez rejeter personne, sauf si vous pouvez démontrer catégoriquement qu'ils représentent une menace immédiate pour la sécurité du Royaume-Uni.»
Pour l'Union Européenne
May réitère son soutien à une Angleterre membre de l'Union européenne, mais interroge en même temps l'adhésion à venir de nouveaux membres comme l'Albanie, la Macédoine, le Monténégro, la Serbie et la Turquie. Pour May, il s'agit là de pays, «aux populations pauvres, aux prises avec de sérieux problèmes de crime organisé, de corruption et même de terrorisme. Nous devons nous demander s'il est juste que l'UE continue son expansion en donnant à tous les nouveaux membres les mêmes droits qu'aux anciens ?»