Wikileaks : «Les Etats-Unis avaient de grosses inquiétudes concernant la sécurité nucléaire belge»
Un cable Wikileaks révèle que depuis 10 ans, la sécurité nucléaire belge fait l'objet d'inquiétudes outre-Atlantique. Le cable souligne également comme problématique le fait que Belges et Français ne coopèrent pas assez sur cette question.
US had "serious concerns" about #Belgium nuclear reactor security for more than a decade https://t.co/2WrzNWpH7bpic.twitter.com/izrhArg4W6
— WikiLeaks (@wikileaks) 29 mars 2016
Dix ans avant les attentats de Bruxelles, les Etats-Unis faisaient déjà état de leur inquiétude concernant la sécurité des installations nucléaires en Belgique, comme le mentionne un cable diplomatique révélé par Wikileaks.
Or au vu des indices recueillis au fil de plusieurs enquêtes après les attentats, le nucléaire belge pourrait aussi être l’une des cibles des terroristes. Selon Le Monde, quatre sites sont potentiellement concernés : les centrales de Tihange et de Doel, le Centre d’études nucléaires (CEN) de Mol, et l’Institut national des radioéléments, situé à Fleurus. Tous sont protégés aujourd’hui par 140 militaires lourdement armés.
Selon le quotidien, plusieurs éléments appellent en effet à la vigilance. Le premier est une vidéo de dix heures retrouvée lors de la perquisition, le 30 novembre 2015, du domicile bruxellois de Mohamed Bakkali, soupçonné d’être l’un des logisticiens de la cellule de Molenbeek. La vidéo avait été récupérée par les frères Khalid et Ibrahim El Bakraoui, auteurs des attentats-suicides de Bruxelles. Le film montrait les allées et venues du physicien qui dirige le CEN, où sont notamment stockées de faibles quantités d’uranium, qui pourraient servir à fabriquer «une bombe sale». Ce point de l’enquête n’a fuité dans la presse belge qu’en février.
Le second concerne le retrait, quelques heures après les attentats du 22 mars, de quatre «habilitations sécurité» accordées à des travailleurs de la centrale de Tihange, près de la ville de Huy. L’information a été confirmée vendredi, lors des auditions de plusieurs membres du gouvernement au Parlement. Didier Reynders, ministre des affaires étrangères et dont les services pilotent l’Autorité nationale de sécurité (ANS) chargée de délivrer les accréditations, a expliqué que trois retraits déjà en cours avaient été accélérés à la suite des attaques terroristes de Bruxelles et qu’un autre avait été décidé en urgence, car un employé avait commenté très positivement les attentats, faisant craindre une potentielle complicité en interne.
Si des éventuelles complicités à l’intérieur des sites pourraient être à craindre, pas question non plus de négliger l’hypothèse d’une attaque externe : un corps spécial de la police fédérale est en train d’être constitué pour protéger les quatre entités nucléaires. Néanmoins, ce type de menace est à relativiser : comme l’indique Sébastien Berg, porte-parole de l’Agence fédérale de contrôle nucléaire, «compte tenu des doubles enceintes, il est invraisemblable qu’un engin explosif placé à l’extérieur des murs d’une centrale puisse causer des dégâts majeurs». Pour provoquer une catastrophe, il faudrait donc agir au plus près des réacteurs.
Autre information venant renforcer les inquiétudes : un agent de sécurité du secteur nucléaire qui promenait son chien à Charleroi a été assassiné jeudi soir. Son badge d’accès aux installations lui a été dérobé. Une enquête a immédiatement été ouverte et la carte désactivée...