Migrants : l'UE donne trois mois à la Grèce pour renforcer la gestion de sa frontière
L'UE a donné un ultimatum de trois mois à la Grèce pour qu'elle s'attaque aux «sérieuses défaillances» dans la gestion de l'afflux de migrants à sa frontière maritime avec la Turquie, une situation qui selon l'UE met en péril l'espace Schengen.
Sur proposition de la Commission, la décision a été adoptée par le conseil de l'UE, lors d'une réunion à Bruxelles des ministres des Finances, selon des sources européennes. La Grèce a voté contre et Chypre s'est abstenue, selon l'une de ces sources.
Si les recommandations faites par la Commission ne sont pas appliquées assez efficacement, l'exécutif européen pourra proposer, au terme d'un délai de trois mois, de réintroduire les contrôles aux frontières à l'intérieur de l'espace de libre circulation de Schengen, une mesure inédite.
La décision du 12 février ouvre en effet la voie à l'application de l'article 26 du code Schengen, par lequel la Commission européenne a le pouvoir, avec l'accord du Conseil (qui représente les 28 Etats de l'UE), de rétablir les contrôles aux frontières d'un ou de plusieurs pays membres pour une période de six mois renouvelable, et pour une durée maximum de deux ans.
Les ministres approuvent les recommandations de la CE à la #Grèce.Elle a 3 mois pour les mettre en oeuvre #Schengenhttps://t.co/WBVDA6ts8g
— Loreline Merelle (@MLoreline) 12 Février 2016
Dans son rapport, l'institution reconnaît la pression sans précédent mise sur la Grèce par la crise migratoire, la plus grave depuis 1945, avec l'arrivée de près de 900 000 migrants par la mer Egée en 2015. «L'afflux massif est de nature telle qu'il aurait mis le contrôle de la frontière extérieure de n'importe quel Etat membre sous pression extrême», reconnaissent les Etats membres dans un document dont l'AFP s'est procuré une copie.
Mais ils considèrent la résolution de certaines défaillances comme une priorité afin de ne pas mettre en péril le principe de la libre-circulation à l'intérieur de l'espace Schengen, un des piliers de la construction européenne. «Le fonctionnement global de l'espace Schengen est en grave danger et il faut agir de façon urgente», soulignent les Etats membres à l'attention de la Grèce.
La Commission a identifié cinquante points à améliorer lors d'une visite inopinée effectuée en novembre 2015 à plusieurs postes de contrôle grecs, à la fois sur les îles et sur le continent.