L’Egypte demande à Israël de maintenir la Turquie à l'écart de Gaza
Le Caire a demandé à Tel Aviv de clarifier la situation vis-à-vis des pourparlers de réconciliation entre Israël et la Turquie tout en exprimant ses réserves concernant le rôle que pourrait potentiellement jouer la Turquie dans la bande de Gaza.
A Jérusalem, les hauts fonctionnaires ont déclaré à Haaretz que l'Egypte avait exprimé ses «réserves» quant à l'octroi à la Turquie d’un rôle dans la bande de Gaza.
Ces fonctionnaires, qui ont demandé à garder l'anonymat en raison de la nature délicate de cette question au plan diplomatique, ont déclaré que des informations publiées par des médias israéliens avaient provoqué le mécontentement du gouvernement égyptien. Il y a quelques semaines, ces derniers avaient évoqué l'existence de pourparlers très satisfaisants entre Israël et la Turquie en vue d’une réconciliation.
DTN Egypt: Israel-Turkey 'to restore ties': Israel and Turkey reach a preliminary agreement on restoring ties ... https://t.co/Mh41x57PMh
— DTN Egypt (@DTNEgypt) 18 Décembre 2015
Les informations diffusées par les médias turcs montrent qu'Israël a accepté de prendre des mesures importantes pour alléger le blocus maritime de Gaza.
De hauts responsables égyptiens du ministère des Affaires étrangères ont rencontré l'ambassadeur d'Israël, Haim Koren, pour lui demander si ces informations étaient fondées et si Israël et la Turquie étaient en effet sur le point d’arriver à une réconciliation.
Les fonctionnaires chargés de cette affaire à l'ambassade d'Egypte à Tel-Aviv ont délivré des messages similaires lors d'une réunion récente avec de hauts fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères israélien. L'Egypte a exprimé son opposition à toute concession israélienne à la Turquie concernant la bande de Gaza.
Les hauts fonctionnaires ont noté que depuis deux ans, une faille sérieuse s'était creusée dans les relations entre le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, et le président turc, Recep Tayyip Erdogan.
L'origine de ces tensions découlent du soutien exprimé par le gouvernement turc et par le parti au pouvoir, l'AKP, pour destituer le président égyptien Mohammed Morsi et lutter contre les Frères musulmans en Egypte.
Après le départ de Mohammed Morsi, chassé par un coup d'Etat militaire, Recep Tayyip Erdogan a exprimé de vives critiques contre Le Caire et, à ce jour, ne reconnaît pas Abdel Fattah al-Sisi comme le président égyptien légitime.
Après les déclarations du président turc, l'ambassadeur de Turquie en Egypte a été expulsé en novembre 2013 et les relations entre les deux pays se poursuivent depuis lors à un niveau inférieur.
Les relations étroites entre la Turquie et le Hamas à Gaza sont une autre cause de la grande tension existant entre l'Egypte et la Turquie. L'Egypte, qui a imposé un bouclage presque complet du Sinaï, cherche à maintenir une pression maximale sur le Hamas. De quoi justifier les réserves émises par Le Caire concernant tout assouplissement de la position d'Israël, en particulier si cela implique une plus grande participation turque à Gaza.
La semaine dernière, Recep Tayyip Erdogan a déclaré que dans le cadre des négociations avec Israël, la Turquie était intéressée à envoyer un navire qui apporterait directement à Gaza des matériaux de construction et de l’électricité.
Un haut responsable israélien a indiqué que le Premier ministre Benjamin Netanyahou était inquiet que toute concession faite à la Turquie concernant la bande de Gaza allaient endommager les liens stratégiques qu'Israël entretient avec l'Egypte.
Il a ajouté que des fonctionnaires israéliens avaient essayé de servir de médiateurs entre la Turquie et l'Egypte en vue d'atténuer les tensions entre les deux pays. Des efforts, qui jusqu'à présent, sont restés vains.