Les exécutions de Riyad, empêcheront-elles les ventes d'armes au Royaume saoudien ?
Après les 47 exécutions à Riyad dont celle d'un éminent dignitaire chiite, les contrats de vente d’armement au Royaume font tousser dans plusieurs pays. Mais «les affaires sont les affaires»…
L’Allemagne réexaminera ses contrats de livraisons d’armement
Berlin «soumettra au réexamen critique» ses contrats de vente d’armement au Royaume, a annoncé mardi le vice-chancelier allemand et ministre de l’Economie allemand Sigmar Gabriel.
«Nous devons réexaminer la possibilité d’adopter une position plus critique sur les armements défensifs que nous vendons à l’Arabie Saoudite pour sa défense nationale», a-t-il déclaré, cité par l’agence DPA.
«Il s’avère que nous avions raison de ne pas leur livrer de chars ou de fusils d’assaut G36», a ajouté Gabriel.
Berlin se range cinquième parmi les plus importants exportateurs d’armement, dépassé par les Etats-Unis, la Russie, la Chine et la France. L’Arabie saoudite, elle, est un de ses plus fidèles clients depuis la levée de l’embargo sur les livraisons d’armes à ce pays. Ne serait-ce que l’année dernière, les exportations allemande vers Riyad, y compris les blindés, les systèmes de ravitaillement en vol, les navires de patrouille, les drones etc., ont représenté une somme de quelques 178 millions d’euros, d’après les estimations du Spiegel.
Londres sous le feu des critiques
Dans le même temps, de plus en plus de députés britanniques appellent à l’arrêt des ventes d’armes à Riyad. «Nous devons être un peu plus courageux» avec les Saoudiens, a par exemple déclaré le leader du Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni (UKIP) Nigel Farage.
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«Nous devons penser un peu plus au rôle que joue l’Arabie saoudite. Je crois que le temps est venu de réévaluer ce que représente ce pays, nos relations bilatérales et faire cesser le discours extrémiste qui tourne les esprit des jeunes de ce pays vers le terrorisme», a estimé l’homme politique, cité par la radio LBC.
Le parti des travailleurs a également appelé le gouvernement à rompre les négociations sur la coopération judiciaire avec Riyad.
Lors des cinq dernières années, Londres a fourni de l’armement à Riyad pour quelque 7,61 milliards d’euros. Londres a également conclu avec les Saoudiens un accord secret dans le domaine de la sécurité, dont le contenu n’a pas été révélé au public.
Le Canada n’a pas l’intention d’annuler l’accord sur l’armement
De plus, bien qu’ayant dénoncé l’exécution de 47 prisonniers par la pétromonarchie, le Canada n’envisage pas d’annuler le contrat de vente d’armes à l’Arabie saoudite pour un montant de quelque 15 milliards de dollars.
Selon Global Research, un centre de recherche sur la mondialisation basé à Montréal, l’accord négocié par la Corporation commerciale canadienne (CCC) représente le plus important contrat d’exportation d’armes de l’histoire du Canada.
Le gouvernement canadien a publiquement condamné l’exécution de masse à Riyad. Le ministre des Affaires étrangères Stéphane Dion a appelé le Royaume à «protéger les droits de l’homme, respecter les expressions pacifiques de dissidence et assurer la justice dans les procédures judiciaires.
Il a également souligné l’inquiétude du Canada concernant la possibilité que l’exécution de l’imam chiite Nimr Baqer al-Nimr puisse «favoriser ensuite» des tensions sectaires au Moyen-Orient.
Mais en accordant une interview au quotidien canadien Globe and Mail, le directeur de la communication du ministère des Affaires étrangères a fait savoir que le contrat de 15 milliards de dollars serait quand même réalisé. «Une entreprise privée livre la marchandise selon le contrat signé avec le gouvernement saoudien. Le Canada n’a pas l’intention de l’annuler», a-t-il conclu.
L'exécution de Nimr Baqer #alNimr risque d'enflammer les tensions religieuses selon les USA https://t.co/u02A2SWR0Jpic.twitter.com/d6nE3PT2O5
— RT France (@RTenfrancais) 3 Janvier 2016
L'article explique que les règles fédérales obligent Ottawa à étudier si la livraison à destination d'un pays ayant de mauvais antécédents en matière de respect des droits de l’homme met en danger la population locale. Il ajoute que le fait qu’Amnesty International a qualifié le Royaume d’épouvantable en cette matière, poursuivant que la transaction du Canada semblerait violer le régime existant de contrôle des exportations.