Trump ordonne la reprise «immédiate» des essais nucléaires américains
Source: Gettyimages.ruDonald Trump ordonne la reprise immédiate des essais nucléaires américains, la justifiant par l’existence de programmes similaires à l'étranger. Cette décision, difficile à appliquer techniquement, est critiquée aux États-Unis, certains y voyant une violation de l’esprit du Traité d’interdiction complète, signé mais jamais ratifié par Washington.
Le président américain Donald Trump a annoncé sur Truth Social avoir ordonné au département de la Guerre de lancer immédiatement une campagne d’essais nucléaires. Selon ses propos, il s’agit de garantir que les États-Unis testent leurs armes « sur un pied d’égalité » avec les autres puissances. Il a affirmé que ce processus commencerait sans délai, justifiant sa décision par l'existence supposée de programmes similaires dans d’autres pays.
« Les États-Unis ont plus d’armes nucléaires que tout autre pays. Cela a été fait, y compris le renouvellement complet des armes existantes, pendant mon premier mandat présidentiel. En raison de leur énorme pouvoir destructeur, je détestais le faire, mais je n’avais pas le choix ! La Russie occupe la deuxième place, la Chine est troisième, à quelque distance, mais dans 5 ans, elle la rattrapera. À cause des programmes d’essais en cours dans d’autres pays, j’ai chargé le département de la Guerre de commencer à tester nos armes nucléaires à la même échelle. Ce processus va commencer immédiatement », a-t-il écrit.
Trump a minimisé les risques d’escalade nucléaire et précisé que les États-Unis possèdent déjà des sites d’essais dédiés, dont les détails opérationnels seront rendus publics ultérieurement.
Cependant, cette annonce a immédiatement suscité de vives réactions au sein de la classe politique et de la société civile américaines. L’élue du Nevada à la Chambre des représentants des États-Unis, Dina Titus, a promis de présenter un projet de loi visant à empêcher toute reprise des essais nucléaires. De son côté, Daryl Kimball, directeur exécutif de l’Association américaine pour le contrôle des armements, a qualifié la décision du président d’« irresponsable ». Il a rappelé que les États-Unis sont juridiquement tenus de respecter le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), signé mais jamais ratifié par Washington.
Par ailleurs, Daryl Kimball a également souligné qu’un retour aux essais souterrains localisés nécessiterait à l’Administration nationale de la sécurité nucléaire (NNSA) au moins trente-six mois de préparation. Le dernier essai de ce type sur le sol américain remonte à 1992. Selon lui, il n’existe aujourd’hui aucun motif technique, militaire ou politique justifiant la reprise de tels tests.
Ainsi, le débat ravive les tensions autour du TICE, signé en 1996 par 187 États, dont 178 l’ont ratifié. Si la Russie a confirmé son engagement, les États-Unis, n’a toujours pas franchi cette étape. En 2023, Moscou a retiré sa ratification, invoquant la position « obstructionniste » de Washington, qui n’a entrepris aucun effort en trente ans pour ratifier le traité. Le ministère russe des Affaires étrangères a néanmoins précisé que la Russie serait prête à reconsidérer sa décision si les États-Unis agissaient dans le même sens.