Mercenaires américains à Gaza : qui sécurise l’aide humanitaire ?

Des mercenaires américains, dont d’anciens de Blackwater, sont déployés par la Gaza Humanitarian Foundation pour sécuriser l’aide à Gaza, sous contrôle israélien. Ce projet controversé, critiqué par les ONG, marginalise l’Unrwa et suscite des tensions. La crise humanitaire s’aggrave.
Depuis mai 2025, un projet controversé visant à sécuriser l’aide humanitaire à Gaza met en lumière le rôle de mercenaires américains, déployés sous l’égide de la Gaza Humanitarian Foundation (GHF), une organisation soutenue par les États-Unis.
Ce dispositif, qui suscite des débats, intervient dans un contexte de crise humanitaire aiguë, où l’acheminement de l’aide est entravé par le blocus israélien et les combats. Mais qui sont ces mercenaires chargés d’une mission aussi sensible dans une zone de guerre ?
Un salaire à 33 000 dollars mensuel ?
La GHF, enregistrée à Genève en février 2025, a été créée pour coordonner la distribution d’aide à Gaza, où 2,4 millions de personnes font face à une famine imminente. Selon des sources, cette fondation s’appuie sur des sociétés de sécurité privées américaines, notamment la Global Delivery Company (GDC), dirigée par l’homme d’affaires israélo-américain Moti Kahana. Ce dernier propose un modèle de « communautés fermées » à Gaza, où l’aide serait distribuée sous contrôle biométrique strict, sécurisé par des contractors armés.
Ces mercenaires, souvent d’anciens militaires ayant servi en Irak ou en Afghanistan, incluent des vétérans de la sulfureuse société Blackwater, connue pour ses exactions lors des conflits au Moyen-Orient. Chaque contractor percevrait environ 33 000 dollars par mois, selon des témoignages relayés sur les réseaux sociaux.
Le projet, soutenu par le gouvernement israélien, prévoit que l’armée israélienne assure une sécurité « à distance », tandis que les mercenaires gèrent les points de distribution. Cette initiative, qui contourne les agences onusiennes comme l’Unrwa, est critiquée par de nombreuses ONG.
Ces dernières dénoncent un « nouveau modèle » d’aide qui marginalise les organisations humanitaires traditionnelles et expose les civils à des risques accrus, dans un territoire où plus de 200 travailleurs humanitaires ont été tués depuis octobre 2023. Le Hamas, de son côté, considère ces forces comme une « occupation » étrangère.
Les contours du projet restent flous. La GHF, déjà fragilisée par la démission d’un de ses membres à Genève et la radiation de son adresse, peine à clarifier ses opérations. Alors que le gouvernement israélien envisage un programme pilote dans les prochains mois, la communauté internationale s’inquiète des implications d’une telle militarisation de l’aide humanitaire.