Grippe aviaire : la menace silencieuse d’une prochaine pandémie

Face à la prolifération du virus H5N1 (grippe aviaire) chez les chats en Occident, les experts tirent la sonnette d’alarme : une transmission à l’humain pourrait engendrer une crise sanitaire d’ampleur inédite. En parallèle, les cas mortels se multiplient, soulignant l’urgence de développer un vaccin prototype.
Depuis plusieurs mois, un phénomène inquiétant gagne du terrain en Europe et aux États-Unis : les chats domestiques contractent massivement la grippe aviaire (virus H5N1), suite à l’ingestion d’oiseaux ou d’œufs infectés. Des cas ont été recensés en Belgique, notamment dans des fermes où les félins ont développé des troubles neurologiques sévères, tels que paralysie et ataxie, conduisant à leur euthanasie. D’autres foyers similaires ont été signalés en Islande, en Norvège et aux États-Unis.
Cette situation, qui pourrait à première vue sembler circonscrite au monde animal, suscite une vive inquiétude dans la communauté scientifique. Le professeur Alexandre Guintsbourg, directeur de l'Institut de recherche d’épidémiologie et de microbiologie Gamaleïa (Institut Gamaleïa), alerte sur la possibilité réelle que le virus franchisse la barrière des espèces. Selon lui, le pays devrait disposer d'un prototype de vaccin pour un tel cas, dont la production pourrait être mise en place si nécessaire.
« Nous avons besoin d’un prototype de ce vaccin. Il doit passer par les deux phases des essais cliniques contre cette souche qui, avec une forte probabilité, commencerait à se propager non seulement entre les animaux mais aussi d’homme à homme. Le taux de létalité est de 50 à 70 % et si elle se transmet par voie aérienne, la variole serait un jeu d’enfant comparé à ce qui peut se produire à la suite d’une ou deux mutations », a-t-il indiqué.
L’inquiétude ne se limite pas aux experts russes. À l’échelle mondiale, les autorités sanitaires surveillent de près l’évolution du virus H5N1. L’Organisation mondiale de la santé a confirmé en avril 2025 le décès d’un enfant au Mexique des suites d’une infection aviaire. Les premiers symptômes (fièvre, vomissements et fatigue) sont apparus début mars. Malgré une hospitalisation rapide et un traitement antiviral, l’enfant est décédé un mois plus tard. Le diagnostic post-mortem a révélé une infection par la souche H5N1.
Historiquement, le terme « grippe aviaire » recouvre plusieurs réalités : il désigne une infection par un virus Influenza A, souvent bénigne chez les oiseaux sauvages, mais potentiellement dévastatrice dans les élevages industriels, où elle provoque des épidémies meurtrières. L’infection humaine, bien que rare, porte le nom de grippe zoonotique.
À l’échelle commerciale, cette menace virale a déjà des répercussions : plusieurs pays, dont les membres de l’Union européenne, ainsi que la Chine, le Mexique et le Chili ont suspendu leurs importations de volaille en provenance de zones touchées, comme le Brésil, par précaution sanitaire.