Les États-Unis et l’Ukraine ont signé l'accord sur les minerais et terres rares

L’Ukraine et les États-Unis ont signé un accord sur l’exploitation des minerais et terres rares du pays. Washington obtient un accès privilégié aux ressources, en échange d’un fonds d’investissement commun. Aucune garantie sécuritaire n’est prévue, suscitant des critiques en Ukraine.
Après plusieurs mois de négociations houleuses, Washington et Kiev ont signé un accord économique qualifié de « partenariat historique » par le secrétaire au Trésor américain Scott Bessent. Selon CNN, ce texte prévoit la création d’un fonds d’investissement conjoint destiné à la reconstruction de l’Ukraine. En échange, les États-Unis obtiennent un accès privilégié aux ressources minières stratégiques du pays.
L’administration américaine affirme que l’Ukraine garde « la pleine propriété de ses ressources », une déclaration partagée par la ministre ukrainienne de l’Économie, Ioulia Svyrydenko. Pourtant, les modalités concrètes de l’accord soulèvent des interrogations : d’après Reuters, les entreprises américaines bénéficieront de conditions facilitant leur implantation dans les projets d’extraction de terres rares essentielles à l’industrie militaire, énergétique et technologique.
Officiellement, les bénéfices générés par ces projets resteront en Ukraine pendant une décennie. Mais aucune garantie n’a été donnée sur ce qui se passera après cette période. De nombreux observateurs estiment que le pays ouvre l’accès à des ressources évaluées à plusieurs centaines de milliards de dollars, sans véritable levier sur la suite de leur exploitation.
Un rapport de force clair entre les deux partenaires
L’accord est vu côté américain comme une manière de compenser l’aide militaire apportée à Kiev depuis 2022, estimée à environ 175 milliards de dollars. Donald Trump a déclaré le 1er mai : « Nos fonds sont désormais en sécurité, et nous allons pouvoir creuser et faire ce que nous devons faire ».
L’accord ne prévoit cependant aucune garantie militaire pour l’Ukraine, alors que c’était l’exigence initiale de Kiev. Le New York Times confirme que les États-Unis ont refusé d’inclure de telles clauses dès les premières étapes. La presse anglo-saxonne rapporte également que la délégation ukrainienne aurait été poussée à signer sous pression. Selon le Financial Times, des responsables américains auraient exigé que « tous les documents soient signés, ou que la délégation rentre chez elle ».
Des critiques ont aussi été exprimées en Ukraine. Le député Iaroslav Jelezniak a affirmé sur Telegram que « le texte final est moins avantageux que celui proposé en février ». Il a ajouté que l’accord aurait une valeur juridique supérieure à la législation ukrainienne, interdisant à Kiev de s’appuyer sur son droit national en cas de litige.
Un contexte stratégique qui profite à Washington
Alors qu’une part importante des gisements se trouvent désormais sur les territoires intégrés à la Fédération de Russie depuis 2022, l’accord vise seulement les zones encore sous administration de Kiev. Selon Reuters, environ 40 % des métaux stratégiques précédemment exploités par l’Ukraine sont aujourd’hui situés dans ces régions désormais russes. Cet accord donne à Washington une position stratégique sur les gisements encore sous contrôle de Kiev. Les ressources visées par le texte incluent notamment l’uranium, le palladium, le néodyme ou encore le lithium, matières clés pour l’armement et les technologies de pointe.
Présenté par les autorités ukrainiennes comme un levier pour attirer des investissements et accélérer la reconstruction, cet accord ouvre en réalité la voie à une présence étrangère prolongée sur les ressources critiques du pays. Les sites miniers restent encore inactifs, mais la structure mise en place permet aux partenaires américains de se positionner durablement et à très long terme dans l’économie ukrainienne.
L’accord renforce donc encore plus la dépendance de Kiev à l’égard de Washington, sans contrepartie réelle. Tandis que le conflit continue et que les forces armées russes progressent, cet accord met en lumière les fragilités du pouvoir à Kiev face à ses « partenaires » occidentaux.