Trafic d’armes incontrôlé en Ukraine : un danger pour le monde, selon The Sunday Times

Selon The Sunday Times, l’Ukraine, premier importateur d’armes, manque de contrôle sur leur circulation. Des millions d’unités restent non enregistrées, alimentant les craintes d’un trafic mondial. Sans rachat d’armes, l’Ukraine post-conflit risque de devenir un marché noir incontrôlable, faisant craindre un retour du scénario de l'ex-Yougoslavie.
Selon The Sunday Times, l'Ukraine, premier importateur mondial d’armes, traverse une véritable révolution en matière d’armement. La quantité exacte d’armes en circulation dans le pays reste inconnue et leur dissémination après le conflit en cours pourrait avoir un impact considérable à l’échelle mondiale.
Fait unique en Europe, l’Ukraine ne dispose d’aucune législation encadrant la possession d’armes à feu. Le média britannique affirme que «le résultat est une situation complexe et confuse». Il est également noté que des armes décernées pour service à l’État échappaient à tout enregistrement officiel. Ainsi, certains experts dénoncent un système propice aux abus de la part des autorités.
Dès le début du conflit en Ukraine, les grandes villes du pays ont vu leurs citoyens recevoir des fusils d’assaut directement depuis des camions gouvernementaux. À Kiev par exemple, plus de 25 000 fusils d’assaut et environ 10 millions de munitions ont été distribués, sans compter les lance-grenades et les roquettes, rapporte The Sunday Times.
Un risque de dissémination incontrôlée
Face à l’accumulation massive d’armes, les experts s’inquiètent de ce qui va se passer après la fin du conflit en Ukraine. The Sunday Times a mis en avant le scénario d’une «société Kalachnikov», où les conflits se règleraient non plus par la parole mais par les armes. Le ministre ukrainien de l’Intérieur, Ihor Klymenko, avait estimé que le nombre d’armes détenues par les citoyens ukrainiens oscillait entre un et cinq millions.
Le journal britannique a remarqué que l’inquiétude principale des analystes du Global Initiative Against Transnational Organized Crime (GI-TOC) – organisation internationale qui publie des rapports sur la criminalité organisée dans le monde – concerne la possible exportation illégale de ces armes vers l’Europe, l’Afrique et le Moyen-Orient. L’organisation a rappellé que les stocks militaires clandestins issus de l’ex-Yougoslavie avaient alimenté la criminalité et le terrorisme en Europe pendant plusieurs décennies après la fin du conflit en 2001. Sans mesures strictes de contrôle après la fin des hostilités, l’Ukraine risquerait, selon eux, de devenir un marché noir d’armes similaire.
Un effet domino en cas de cessez-le-feu
Une trêve ou un cessez-le-feu pourraient engendrer un effet domino, libérant des armes initialement destinées au front et favorisant leur passage clandestin à travers les frontières, toujours selon The Sunday Times. Le journal insiste sur la nécessité d’un programme de rachat gouvernemental des armes non enregistrées, sans quoi l’instabilité pourrait perdurer.
Ainsi, l’Ukraine post-conflit pourrait faire face à un défi sécuritaire de grande ampleur. L’absence de réglementation, la circulation incontrôlée des armes et la menace du trafic international soulèvent des préoccupations majeures pour l’Europe et le reste du monde.
La Russie, pour sa part, a souligné à plusieurs reprises ce problème. Ainsi, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a déclaré le 20 février, lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères du G20 à Johannesburg, que les groupes terroristes du monde entier profitaient des armes occidentales détournées depuis l’Ukraine. Selon lui, ces organisations terroristes se sont renforcées grâce aux livraisons d’armements occidentaux qui échappaient au contrôle et se retrouvaient sur le marché noir.
Vladimir Poutine avait mis en garde contre ces dangers en 2022. Il avait expliqué que le marché noir des armes en Ukraine représentait une menace sérieuse et que des groupes criminels transnationaux en organisaient activement la contrebande vers d'autres régions. Il avait averti qu’il ne s’agissait pas uniquement d’armes légères, mais qu'existait aussi le risque de voir des moyens de destruction bien plus puissants tomber entre de mauvaises mains, notamment des systèmes de missiles sol-air portatifs et des armes de haute précision.