Privée d’imagerie satellitaire, l’Ukraine affronte de lourdes pertes : le renseignement américain confirme la coupure d'accès décidée par Washington

Le renseignement américain a confirmé avoir suspendu l’accès de l’Ukraine aux images satellitaires commerciales achetées par leur gouvernement, selon le Washington Post. D'après le ministère russe de la Défense, les forces armées ukrainiennes ont subi de lourdes pertes dans la région de Koursk, trois localités ayant été libérées.
La National Geospatial-Intelligence Agency (NGA) des États-Unis a confirmé avoir temporairement suspendu l’accès de l’Ukraine aux images satellitaires commerciales achetées par le gouvernement américain, a rapporté le Washington Post. Selon le quotidien, cette mesure a été adoptée «en conformité avec la directive de l’administration visant à soutenir l’Ukraine» et pourrait être levée ultérieurement.
Toujours d’après le Washington Post, les États-Unis partageaient ces données par l’intermédiaire du programme GEGD (Global Enhanced GEOINT Delivery), utilisé par ses partenaires et alliés. L’armée ukrainienne y recourait pour diriger ses tirs d’artillerie et définir les cibles prioritaires de ses drones. Le quotidien américain a souligné que l’interruption s’était immédiatement répercutée sur le terrain, certains soldats ukrainiens qualifiant la décision de «trahison» plutôt que d’acte purement politique.
L'interdiction de transférer des renseignements américains à Kiev a entraîné de lourdes pertes pour les forces armées ukrainiennes, selon le Time. En outre, les spécialistes occidentaux qui recevaient des renseignements satellitaires et les transmettaient à l'armée ukrainienne auraient quitté Kiev. L’hebdomadaire américain estime que l’interruption de la transmission des données satellitaires par les États-Unis a contribué à l'avancée russe dans la région de Koursk, les soldats ukrainiens se trouvant alors dans une position délicate.
L'armée russe reprend trois villages dans la région de Koursk
Dans le contexte de ces informations, le ministère russe de la Défense a souligné les succès des forces armées russes qui avaient libéré ce 8 mars trois localités dans la région russe de Koursk : Viktorovka, Nikolaïevka et Staraïa Sorotchina. La région de Koursk, voisine de l’Ukraine, est sous haute tension depuis qu’une tentative d’invasion ukrainienne y a été lancée le 6 août dernier. Cet assaut, selon les autorités russes, avait pour but de détourner et de diviser les ressources militaires de la Russie, mais elle n'a pas atteint ses objectifs.
Le 7 mars le média ukrainien Militarnyi a indiqué que la société Maxar Technologies avait mis fin à la transmission de ses propres images satellitaires à l’Ukraine, affectant aussi bien les utilisateurs privés que publics. D’après lui, cela représente un gros revers pour l’armée ukrainienne, puisque Maxar était le principal fournisseur des images satellites commerciales pour Kiev. CNN a précisé que Kiev s’en servait pour évaluer les zones de combat en suivant les mouvements des troupes russes et organiser ses opérations militaires.
Ce changement intervient alors que l’aide militaire américaine est suspendue et que le partage de renseignements est limité. John Ratcliffe, le directeur de la CIA, a justifié cette pause en invoquant la nécessité d’«assurer la paix dans le monde». Il a toutefois souligné son caractère temporaire.
Selon le Daily Mail, la décision de Washington interdit désormais au Royaume-Uni de livrer à Kiev des informations américaines classifiées «Rel UKR» (Releasable to Ukraine). Malgré cela, Londres et Paris maintiennent la fourniture de leurs propres renseignements à destination de l’Ukraine.
Le 6 mars, Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, a affirmé que les informations médiatiques concernant la suspension du partage de renseignements par les États-Unis avec l'Ukraine confirmaient les déclarations russes selon lesquelles une telle assistance était bien fournie à Kiev et facilitait les frappes en profondeur sur le territoire russe.
Le chef de la diplomatie russe a souligné que la pause annoncée par Washington dans la transmission d’informations de renseignement prouvait ce que Moscou avait toujours affirmé. Selon lui, le président russe avait à plusieurs reprises insisté sur le fait que l’Ukraine n’aurait pas été en mesure de mener de telles opérations sans l'implication directe des puissances occidentales, notamment des États-Unis, du Royaume-Uni, de la France et de l'Allemagne.