Face au Hezbollah, le gouvernement libanais veut imposer son monopole des armes
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Dans sa première déclaration ministérielle, le nouveau gouvernement libanais souligne l'importance pour l'État de détenir «le monopole des armes», un message au Hezbollah à l'heure où le mouvement chiite doit rendre son arsenal.
Décidément, la guerre froide est déclarée entre les instances libanaises et le parti chiite libanais. Le nouveau gouvernement de Nawaf Salam a fait sa déclaration ministérielle le 17 février, visant le Hezbollah sans le nommer.
«L’État est entièrement responsable de la défense de son territoire», a insisté le Premier ministre, et il doit «détenir le monopole des armes». Un message à peine voilé au puissant mouvement paramilitaire pro-iranien. Depuis les accords de Taëf qui ont mis fin à la guerre civile libanaise en 1989, seul le Hezbollah avait le droit de garder son arsenal militaire pour contrer les avancées de l'armée israélienne présente sur le territoire libanais. Les autres milices ont dû rendre leurs armes.
Le Hezbollah et ses alliés ne pourront pas bloquer ou imposer des réformes
La déclaration ministérielle souligne dans ce cadre «le droit du Liban à se défendre en cas d’agression conformément à la Charte des Nations unies». Le texte réitère d’abord l’engagement du Liban à respecter les résolutions internationales, dont la résolution 1701 (2006) dans son intégralité – ce texte appelle, entre autres, au retrait des éléments du Hezbollah au nord du Litani – ainsi que les autres résolutions onusiennes relatives au Liban. Une allusion à la résolution 1559 (2004) qui prescrit notamment le désarmement des «milices libanaises et non libanaises», en référence aux groupes palestiniens présents au pays du Cèdre.
«Le gouvernement s’engage, conformément à l’accord de Taëf, à prendre toutes les mesures nécessaires pour la libération de l’ensemble du territoire libanais de l’occupation israélienne et à établir la souveraineté de l'État sur toutes ses terres avec ses propres forces exclusivement», ajoute la déclaration pour indiquer que les activités du Hezbollah ne sont pas légales face à l'État hébreu.
Depuis 2008, le gouvernement de Nawaf Salam est le premier cabinet où le tandem chiite Amal-Hezbollah n'a pas les moyens d'imposer ses choix ou de bloquer un projet de réforme.