Estonie : «Les citoyens russes et biélorusses ne doivent pas avoir leur mot à dire dans les élections locales»
Le Premier ministre Estonien Kristen Michal, dans une interview à la radio-télévision publique estonienne le 25 octobre, a déclaré que tous les citoyens russes et biélorusses vivant en Estonie devraient être privés du droit de vote.
Alors que le Parti social-démocrate (SDP) a l'intention de proposer que seuls les citoyens russes et biélorusses d'Estonie qui ont refusé de condamner l'offensive russe en Ukraine soient privés du droit de vote aux élections locales, le Premier ministre estonien Kristen Michal préfère quant à lui tous les priver de ce droit.
«Notre position est claire depuis un certain temps. Premièrement, nous voulons un changement : les citoyens russes et biélorusses ne doivent pas avoir leur mot à dire dans les élections locales. Leur droit de vote doit être suspendu ou révoqué. Plus nous aurons de clarté juridique sur cette question, mieux ce sera», a-t-il déclaré à la radio-télévision publique estonienne, selon des propos rapporté le 25 octobre.
Kristen Michal a également déclaré «apprécier» que les sociaux-démocrates «se rendent compte que la Russie représente une menace pour la sécurité, qu'elle mène des activités d'influence active et que les citoyens russes et biélorusses» ne devaient rien décider dans les affaires du pays.
Interrogé sur la probabilité que «la Russie tente d'influencer les résultats des élections locales en Estonie», le Premier ministre a déclaré avec confiance que «le fait que la Russie tente d'influencer des élections libres dans des États souverains est largement reconnu dans le monde civilisé».
Le journaliste a également attiré l'attention sur le fait que le Parti social-démocrate avait proposé de laisser le droit de vote aux «étrangers fidèles». À ce sujet, Kristen Michal a répondu que l'Estonie «avait besoin d'une approche plus directe», mais qu'il était prêt à discuter de l'«approche un peu plus douce» des sociaux-démocrates.
La Russie dénonce la «russophobie militante» des autorités estoniennes
Les citoyens russes vivant en Estonie constituent la plus grande minorité nationale du pays, malgré les changements sociaux et politiques depuis l'effondrement de l'URSS. Selon le département de statistiques de l'Estonie, le pays compte actuellement 79 332 personnes de nationalité russe et 107 455 nées en Russie.
Le 2 septembre, date de la rentrée scolaire, le site web du ministère estonien de l'Éducation avait souligné que pour la première fois, les enfants de la première à la quatrième année suivraient un enseignement exclusivement en Estonien. Un «moment historique», titrait le ministère.
«Cela nous mènera sur une nouvelle voie et, espérons-le, dans dix ans dans un avenir où nous ne différencierons plus les enfants de leur langue maternelle dans le système éducatif et où chacun aura des chances égales de poursuivre ses études et de réussir dans la vie», avait justifié la ministre Kristina Kallas, citée dans le document.
Le 10 avril, le député Jaak Valge avait proposé d'arrêter de traduire les sites des ministères en russe, mais son initiative n'a pas été soutenue.
Le 28 mars, lors de la 55e session du Conseil des droits de l'homme tenue à Genève, le représentant de la délégation de la Fédération de Russie, Ilia Barmine, a souligné dans son discours que les pays baltes avaient «mis sur la base de la construction de leur État une politique discriminatoire à l'égard de leur population russophone». Selon lui, «au cours des dernières années, la russophobie militante dans ces États a atteint son apogée».