Russophobie : Lavrov dénonce une «estonisation» de l’UE
Lors de son intervention ce 26 juin à la 10e édition des Lectures Primakov, forum annuel consacré aux relations internationales et à l’économie mondiale, le chef de la diplomatie russe a estimé qu’une «estonisation» de l’Europe avait eu lieu.
«Aujourd’hui il y a une russophobie flagrante, patente, au sein des structures de l’Union européenne et c’est très triste», a déclaré ce 26 juin Sergueï Lavrov lors d’une intervention à la 10e édition des Lectures Primakov, forum annuel consacré aux relations internationales et à l’économie mondiale.
«Tous les discours de Macron sur l’autonomie stratégique, qui déclare : "Nous allons tout résoudre en tant qu’acteur indépendant", ne suscitent que tristesse», a poursuivi le ministre russe des Affaires étrangères, avant d'évoquer une «estonisation» des mentalités européennes, synonyme de russophobie selon lui, à la tête de l’UE.
Ces déclarations surviennent alors que la Première ministre estonienne Kaja Kallas, l'une des critiques les plus virulentes au sein de l’UE à l'égard de la Russie, est pressentie pour succéder à Josep Borrell à la tête de la diplomatie européenne.
Une Europe neutre rendue impossible par Washington
Le ministre russe a regretté l'impossible «finlandisation» de l’Europe, expression inspirée par le choix d'Helsinki pour la neutralité au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
Sergueï Lavrov a décrit une période d’«euphorie» en Occident dans les années 90, à l'issue de la Guerre froide. Durant cette décennie, «les dirigeants russes croyaient que l’aide viendrait de l’étranger», mais les partenaires de la Russie n’ont pas été «bienveillants» à son égard. «Surtout, outre-Atlantique, on faisait tout pour ne pas tenir compte de nos intérêts propres et ils faisaient tout pour ne pas remplir leurs engagements», a dénoncé le ministre russe.
Selon ce dernier, cette «finlandisation» devint impossible, «puisque les Américains ne permettaient pas à l’Europe d’être un acteur indépendant s’appuyant sur des principes de neutralité». Et de poursuivre : «La finlandisation de l’Europe, cela voulait dire que l’OTAN coopérait avec la Russie et tout cela n’a pas pu avoir lieu.»
C’est à ce moment-là, a relaté Sergueï Lavrov, que l’ancien Premier ministre russe, Ievgueni Primakov, «a joué un rôle-clé pour faire prendre conscience qu’il fallait restaurer dans notre société la conscience d’une mission propre et d’une histoire propre et d’une conscience euroasiatique», saluant sa prise de conscience de l'essor prochain d'un monde multipolaire.