Lavrov salue la déclaration du G20 et note un «mouvement de l'avant» contre l'hégémonie occidentale
Le ministre russe des Affaires étrangères a répondu à la presse à l'issue du sommet du G20, livrant ses impressions sur une déclaration plus équilibrée et sur la volonté des pays du Sud de ne pas se laisser dicter leur conduite par l'Occident.
«La présidence indienne du G20 a consolidé les relations avec les pays du Sud» a salué Sergueï Lavrov le 10 septembre, lors d’une conférence de presse. «Nos amis indiens» ont «travaillé avec honneur», a-t-il encore souligné.
Le diplomate russe a fait valoir que plusieurs pays membres œuvraient à la «défense de leurs intérêts», permettant ainsi d’éviter que les pays occidentaux «ukrainisent tout le débat aux dépens des pays émergents». Le ministre russe des Affaires étrangères a ensuite estimé qu’un «mouvement de l’avant» pouvait être observé au G20, remettant en cause l’hégémonie occidentale. «La teneur de cette année était la consolidation des pays du Sud», a-t-il estimé, ajoutant que ces derniers avaient une bonne compréhension «de ce qui se passe en Ukraine».
Une déclaration moins hostile à la Russie, fruit d'un compromis
Ainsi a-t-il évoqué la déclaration adoptée par le G20 la veille, qui dénonce l’emploi de la force visant à obtenir des gains territoriaux, sans toutefois mentionner la Russie. «Le paragraphe sur l’Ukraine a été inclus», a admis Sergueï Lavrov, avant de préciser que le texte soulignait la «nécessité de régler tous les conflits, dans le respect des dispositions de la charte de l’ONU» et insistait sur «le droit des peuple à l’autodétermination», des principes que Moscou ne cesse d’invoquer, selon le ministre.
Rappelant le coup d’Etat en Ukraine de 2014, Sergueï Lavrov a estimé que c'est la remise en cause de la langue russe par les nouvelles autorités au pouvoir qui avait poussé le Donbass et la Crimée à la rupture. Kiev a «enfreint les principes du droit international», a-t-il ainsi jugé. «L’intégrité territoriale a été cassée par les autorités ukrainiennes elles-mêmes», a-t-il ajouté.
Le 9 septembre, le Financial Times a révélé, citant des sources diplomatiques, que c’était grâce à l’influence de la Chine que la déclaration du G20 s'avérait moins hostile à Moscou que celle de l'année passée, cette dernière ayant évoqué «l'agression commise par la Fédération de Russie contre l'Ukraine».
Aussi Sergueï Lavrov a-t-il rapporté que le document, fruit d'un compromis, avait été rédigé après «200 heures de négociations». «90% a été validé avant le sommet», a-t-il ajouté : les sherpas ont été «enfermés dans une pièce», «comme pour l’élection du pape», a-t-il de suroît plaisanté.
Kiev a fait part, le 9 septembre, de sa déception face au texte. «L'Ukraine est reconnaissante envers les partenaires qui ont essayé d'inclure une formulation forte dans le texte. En même temps, en ce qui concerne l'agression de la Russie contre l'Ukraine, le G20 n'a pas de quoi être fier», a déclaré un porte-parole du ministère ukrainien des Affaires étrangères, Oleg Nikolenko.