Club Valdaï : «La Russie n’a jamais eu de passé colonial, elle a vraiment aidé l’Afrique»

Elena Kharitonova, chercheuse à l'Institut d'études africaines de l'Académie des sciences
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Le 18 juillet à Moscou a eu lieu la présentation du rapport «Russie et Afrique : un audit des relations». Publié en amont du sommet Russie-Afrique de Saint-Pétersbourg les 27 et 28 juillet prochains, il souligne tous les défis de la «Russafrique».

Une semaine avant l'ouverture du sommet Russie-Afrique à Saint-Pétersbourg, le club Valdaï a présenté le 18 juillet un rapport sur les relations russo-africaines et leurs perspectives d'évolution. Après trois décennies durant lesquelles leurs relations furent mises en suspens, Russes et Africains entendent relancer leur coopération.

Ce rapport servira en outre de base de réflexion pour la conférence organisée par le club Valdaï à la veille du sommet le 25 juillet, et qui s'intitulera : «La Russie et les pays d'Afrique : traditions d'interaction et perspectives de coopération dans un monde nouveau», où sont attendus 60 invités issus de 15 pays différents.

Des obstacles à dépasser 

«Il est important de trouver ce qui pourra assurer la coopération entre les générations futures», a déclaré Natalia Zaïsser, présidente de l'Union commerciale africaine (African Business Initiative Union). Ainsi a-t-elle notamment souligné les écueils rencontrés dans la coopération bilatérale au lendemain du dernier sommet de Sotchi de 2019, énumérés dans le rapport.

Les entreprises russes ne parvenaient pas, selon elle, à identifier de points d'entrée sur le marché africain, ni leurs partenaires potentiels, ni les besoins des Africains. Elles ne savaient pas comment communiquer efficacement avec eux ni quels modèles financiers leur proposer. «Aujourd'hui, les programmes ne sont pas des plans quinquennaux, mais se limitent à un horizon de quelques semaines voire quelques mois», a-t-elle regretté, appelant à dépasser ces obstacles.

Elena Kharitonova, chercheuse à l'Institut d'études africaines de l'Académie des sciences

Seules les entreprises qui étaient présentes en Afrique depuis plus de dix ans ont été actives et ont enregistré un certain succès depuis 2019, a fait remarquer Elena Kharitonova, de l'Institut d'études africaines de l'Académie des sciences. Des succès qui n'auraient pas encore suscité de dynamique de fond susceptible d'en entraîner d'autres.

Par conséquent et compte tenu du virage vers le sud opéré par la Russie, celle-ci devrait ainsi concevoir ses propres mécanismes et des outils standards pour construire sa politique de relations économiques avec les pays africains, poursuit cette chercheuse au Centre d’études des civilisations et des régions de l’Institut d’Afrique à l’Académie des sciences de Russie.

Développer une «Russafrique» originale

Depuis le dernier sommet, les principaux défis africains ont été définis : il s'agit de leur sécurité alimentaire et énergétique, de la création d'un système de fourniture d'énergie par les Etats, de répondre au vide technologique et à l'absence d'infrastructures, mais aussi à la croissance ininterrompue de la population, qui entraîne un excès de main-d'œuvre et du chômage.

Pour les intervenants, pas de doute néanmoins : la Russie peut compter sur un avantage majeur. En effet, à travers l'histoire, ses intérêts n'ont été en contradiction avec ceux d'aucun pays africain. Dans un contexte de concurrence exacerbée avec d'autres puissances dans la région, la Russie ne cherche pas à supplanter les autres acteurs mais à apporter à l'Afrique sa «valeur ajoutée» par les projets qu'elle propose.

A la différence de la «Françafrique» qui impliquait selon le rapport un certain paternalisme et des relations de dépendance, l'émergence des BRICS a favorisé de nouveaux types de coopération plus égalitaires : ainsi sont apparues la «Chinafrique» et l'«Indafrique». Dans ce même esprit, la Russie souhaite désormais développer la «Russafrique».

Assurer la sécurité énergétique et alimentaire de l'Afrique

La Russie est un acteur expérimenté du marché mondial de l'énergie avec un savoir-faire éprouvé dans la construction de centrales énergétiques, l'exportation et le transport d'énergie. Elle est donc à même de réaliser des programmes énergétiques et de construire des réseaux sur de grands espaces, répondant en cela aux besoins des pays africains. L'Afrique peut en outre devenir un laboratoire de technologies innovantes dans ce secteur.

En ce qui concerne la sécurité alimentaire, la Russie est prête à approvisionner gratuitement les pays africains les plus pauvres, et ceci indépendamment du soi-disant accord céréalier. Le rapport insiste aussi sur une possible coopération dans le domaine de la lutte contre le terrorisme et les réponses en cas de catastrophes naturelles.

L'éducation et la coopération universitaire

Au-delà de l'Institut africain de l'Académie des Sciences, l'acteur le plus célèbre de la Russafrique est l'université Lumumba, qui a formé depuis les années 1970 plus de 500 000 Africains, parmi lesquels des hauts fonctionnaires et chefs d'Etat. En 2021, la Russie a distribué 15 000 bourses d'études, notamment à des Africains. Cette fabrique des élites africaines pose les jalons de la coopération à venir.

Israel Niabouri Niadera, enseignant à l'Université d'Egerton au Kenya, a lui aussi encouragé l'élargissement de la coopération universitaire, tout en invitant les Africains à s'impliquer directement dans l'avenir de leur continent.

L'universitaire kenyan Israël Niabouri Niadera appelle à renforcer la coopération universitaire

Sur le sujet de la coopération universitaire, Israel Niabouri Niadera, enseignant à l'Université d'Egerton au Kenya, a lui aussi encouragé son élargissement, tout en invitant les Africains à s'impliquer directement dans l'avenir de leur continent.

«Notre coopération ne doit pas se limiter aux domaines politique et économique, mais il doit inclure un aspect humain et culturel, en engageant la diplomatie publique, le soft power, la diplomatie transnationale (directement entre individus ou groupes d'individus) et l'éducation», a résumé Natalia Zaïsser.

Dmitri Polétaïev appelle à intensifier les flux de migrants universitaires venus d'Afrique

Les migrations étaient l'un des sujets discutés lors de la présentation du rapport. Dmitri Polétaïev, directeur du Centre d’études sur les migrations et chercheur au sein de l’Institut de prévision économique de l’Académie des sciences de Russie, a souligné qu’aujourd'hui le nombre de migrants originaires d'Afrique ne dépassait pas 40 000 personnes par an et que l'Afrique aurait intérêt à faire appel à la Russie pour éduquer sa population.

Face au conflit en Ukraine, les capitales africaines se sont montrées moins catégoriques à condamner Moscou que les chancelleries occidentales. Un non-alignement qui vaut aux pays africains concernés de subir des pressions de la part de certains pays occidentaux. Les 16 et 17 juin, sept nations africaines ont mené une mission diplomatique conjointe à Kiev et Moscou afin de contribuer à une résolution politique du conflit, une première pour ce continent.

De son côté, Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, a plaidé pour une refonte du Conseil de sécurité des Nations unies ainsi que pour une intégration de l’Union africaine au sein du G20. La Russie, qui prône de longue date l’émergence d’un monde multipolaire, entend ainsi donner plus de poids aux pays africains sur la scène internationale.

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