Sergueï Lavrov au Burundi : «Aux problèmes africains, les solutions africaines»
Depuis Gitega, où il rencontrait son homologue burundais, le ministre russe des Affaires étrangères a notamment plaidé pour une refonte du Conseil de sécurité de l’ONU afin d’offrir une meilleure représentativité des pays africains et sud-américains.
«Nous sommes d’accord qu’il faut démocratiser les relations internationales, qu’il faut réparer les injustices qui sont assez souvent instaurées par l’Occident collectif, avec à leur tête les Etats-Unis», a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, ce 30 mai à Gitega, à l’issue d’une rencontre avec son homologue burundais Albert Shingiro.
«Nous avons également parlé de la nécessité de réformer le Conseil de sécurité de l’ONU et du fait que l’Afrique n’était pas assez représentée dans ce Conseil de sécurité. Il faut avoir plus de place pour ce qu’on appelle le Sud global, à savoir les pays de l’Afrique, de l’Amérique latine et de l’Asie», a poursuivi le chef de la diplomate russe.
Ukraine : pour Albert Shingiro «le Burundi a choisi d’être du côté des solutions»
Saluant le rôle de «pacificateur» du Burundi dans la région – notamment en République démocratique du Congo et en République centrafricaine, ou encore au Soudan – Sergueï Lavrov a déclaré être solidaire avec le principe que venait d’exprimer son homologue burundais, «à savoir aux problèmes africains, les solutions africaines». «Nous soutenons, bien sûr, cette approche et nous allons partir de ce principe lors des délibérations au sein du Conseil de sécurité de l’ONU», a-t-il ajouté.
La situation internationale était également à l’agenda des deux diplomates. «En ce qui concerne la situation en Ukraine, le Burundi a choisi d’être du côté des solutions et non pas du côté des problèmes», a déclaré Albert Shingiro, ministre burundais des Affaires étrangères. Ce dernier a tenu à rappeler la position de «non-alignement» de son pays «pour éviter que ce conflit puisse atteindre d’autres régions, notamment le continent africain».
Santé publique et nucléaire civil : des contrats en perspective
«C’est la position de la plupart des pays africains», a insisté le chef de la diplomatie burundaise, lequel a déclaré que son pays conseillait, «que cela soit en Ukraine où ailleurs, d’emprunter la voie du dialogue le plus rapidement possible». Une «position équilibrée et responsable» saluée par Sergueï Lavrov, qui a accusé l’Occident d’utiliser l’Ukraine pour «menacer la Russie» ainsi que pour «piétiner les droits des peuples qui se sentent proches de la culture russe et de la langue russe».
Les deux diplomates ont également abordé les champs concernés par l’approfondissement de leur coopération bilatérale. En tête de liste, la santé publique ainsi que l’énergie. Sergueï Lavrov a ainsi rappelé que Moscou aidait Gitega dans la lutte contre la prolifération des maladies infectieuses. Pour sa part, Albert Shingiro a annoncé «des accords d’intérêt commun», notamment dans «l’usage de l’énergie nucléaire à des fins civiles», appelés à être signés à l’occasion du deuxième sommet Russie–Afrique qui doit se tenir du 26 au 29 juillet à Saint-Pétersbourg.
La Russie et l'Afrique ont engagé un processus de rapprochement. En particulier, les pays africains ont été moins catégoriques que les grandes puissances occidentales face à la guerre en Ukraine. Des pays comme le Sénégal et l'Afrique du Sud se sont ainsi abstenus à l'ONU lors du vote d'une résolution condamnant l'action de la Russie.