Le procureur ayant inculpé Trump a-t-il reçu l'appui financier de Soros ?
L'ancien président américain a mis en cause l'impartialité du procureur de Manhattan Alvin Bragg, dont la campagne aurait été financée par le milliardaire, favorable aux Démocrates. Mais qu'en est-il réellement ?
Au cours d'un discours prononcé après son inculpation le 4 avril, Donald Trump s'en est pris au procureur de Manhattan Alvin Bragg, l'accusant d'être avant tout un militant de «gauche radicale» et affirmant qu'il aurait bénéficié des largesses financières du milliardaire George Soros. Ce dernier aurait ainsi, selon lui, directement financé la campagne d'Alvin Bragg pour prendre la tête du parquet de Manhattan.
Les affirmations de l'ancien président ont été largement évoquées et passées au crible par la presse américaine, le Washington Post voyant dans l'évocation répétée du nom de George Soros une nouvelle manifestation de théories «conspirationnistes» et «antisémites». Cependant, le quotidien, à l'instar du New York Times ou de CNN, n'évacue pas complètement le sujet, les trois médias ayant procédé à un examen des liens entre le procureur et le milliardaire.
Le milliardaire se défend d'avoir eu des contacts avec Alvin Bragg
Selon CNN, George Soros n'a effectué aucun don destiné directement à la campagne électorale d’Alvin Bragg en 2021 : un porte-parole du milliardaire, Michael Vachon, a déclaré au média américain que les deux hommes n'avaient jamais communiqué de quelque manière que ce soit. Cependant, George Soros, qui soutient depuis longtemps des candidats démocrates à des postes de procureurs, a soutenu indirectement la campagne électorale d’Alvin Bragg en comptant parmi les principaux donateurs d'un comité d'action politique classé à gauche et portant le nom de «Color of Change» («couleur du changement»). «Aucun de ces fonds n'a été affecté à la campagne d'Alvin Bragg», a affirmé Michael Vachon, précisant que le milliardaire et le procureur «ne se sont jamais rencontrés en personne, ni parlé par téléphone, e-mail, Zoom, etc».
George Soros lui-même a démenti formellement avoir financé Alvin Bragg, ni même le connaître ou l’avoir déjà rencontré. En revanche, il a indiqué avoir «soutenu de nombreux autres procureurs réformateurs», afin d'aller vers une justice qui ne serait pas entièrement tournée vers une approche répressive, comme il l'avait défendu dans une tribune parue dans le Wall Street Journal.
While I didn’t contribute to Alvin Bragg’s campaign, I have supported many other reform-minded prosecutors. Anyone who wants to know why should read this article I wrote in @WSJ. https://t.co/GBOwlrCkO9
— George Soros (@georgesoros) March 31, 2023
De fait, le milliardaire a appuyé une série de candidats démocrates, dont Larry Krasner à Philadelphie par exemple. Mais l'absence de contacts directs évoquée par George Soros n'empêche pas les différents titres de la presse américaine de constater que le comité d'action «Color of Change» a bien apporté un soutien à Alvin Bragg, bien que dans des proportions moins importantes que le million de dollars initialement annoncé. Le Washington Post fait ainsi état du versement d'une somme de 420 000 dollars. Selon le New York Times, les liens entre George Soros et Alvin Bragg sont «réels», mais ont été «exagérés» par Donald Trump et ses partisans. Le quotidien estime pour sa part à environ 500 000 dollars le montant fourni par le comité, et souligne la part modeste de cette enveloppe parmi l'ensemble des dépenses engagées.
Comme le mentionne par ailleurs TF1, qui évoque pourtant dans son analyse «une rumeur infondée» émanant de «la complosphère américaine», certains membres de la famille du milliardaire ont bien contribué directement à la campagne d’Alvin Bragg. «C’est le cas de son fils et sa belle-fille, selon les registres électoraux de l'Etat de New York», indique le média.
Pour Donald Trump et ses partisans, les procédures en cours correspondraient à une «ingérence électorale massive» et viseraient à fragiliser le Républicain dans sa course à la Maison Blanche et dans la revanche qu'il entend prendre sur Joe Biden.