«Ligne rouge extrême» : Pyongyang met en garde Washington et Séoul après leurs manœuvres aériennes
La Corée du Nord a accusé les Etats-Unis et la Corée du Sud d'entraîner la péninsule vers une «confrontation totale» après la tenue d'exercices militaires conjoints impliquant des bombardiers lourds au-dessus de la mer Jaune.
Le ministère nord-coréen des Affaires étrangères a vivement réagi le 2 février aux exercices aériens menés par les Etats-Unis et la Corée du Sud la veille, qui pourraient «déclencher une confrontation totale» avec Pyongyang, selon l'agence de presse nationale KCNA.
Dans le cadre d'une visite à Séoul le 31 janvier, le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin et son homologue sud-coréen ont annoncé une coopération accrue en matière de sécurité face à Pyongyang, les deux pays ayant ensuite organisé des manœuvres impliquant des bombardiers lourds de longue portée B-1B, des avions de chasse furtifs F-22 de l'armée de l'air américaine et des avions de combat F-35 de l'armée sud-coréenne. Les appareils ont survolé la Mer Jaune, située entre la péninsule coréenne et la Chine, lors des premiers exercices de ce genre en 2023, a précisé l'agence Yonhap.
Ces exercices aériens ont, selon le ministère sud-coréen de la Défense, «démontré la volonté et la capacité des Etats-Unis à assurer une dissuasion étendue, forte et crédible contre les menaces nucléaires et balistiques de la Corée du Nord». Dans un communiqué commun, Lloyd Austin et le ministre sud-coréen de la Défense Lee Jong-sup ont justifié ces manœuvres par les «provocations continues» de Pyongyang, évoquant entre autres la récente incursion de drones à la frontière inter-coréenne.
La Corée du Nord se dit prête à une «confrontation totale»
Aux yeux de Pyongyang, l’intensification de ces exercices conjoints «irréfléchis» des Etats-Unis et des «forces vassales» sud-coréennes équivaut au contraire au franchissement d’«une ligne rouge extrême». Ces exercices militaires conjoints entre Washington et Séoul et le déploiement d'armements stratégiques dans la région revient à «parler de l'utilisation d'armes nucléaires contre la RPDC [République populaire démocratique de Corée]», a déclaré le ministère nord-coréen des Affaires étrangères dans un communiqué diffusé par KCNA.
La Corée du Nord a prévenu qu'elle répondrait à une attaque nucléaire par l'arme nucléaire, et à une «confrontation totale par une confrontation totale», ajoutant qu'elle n'était «intéressée par aucun contact ni dialogue avec les Etats-Unis, tant que [ce pays] poursuivra sa politique hostile». «Plus la menace américaine contre la RPDC s'accroît, plus les Etats-Unis s'exposent à un retour de flammes proportionnel à celle-ci», a mis en garde Pyongyang.
De son côté, Séoul souhaite convaincre son opinion publique de la fermeté de l’engagement de Washington à ses côtés, après une année au cours de laquelle la Corée du Nord s'est proclamée puissance nucléaire «irréversible» et a procédé à un nombre record d'essais de missiles. Lors de la conférence de presse commune avec le ministre sud-coréen de la Défense, Lloyd Austin a indiqué que l'engagement des Etats-Unis à défendre la Corée du Sud était «dur comme l'acier» et que tout l'arsenal américain, conventionnel comme nucléaire, pourrait être engagé à cette fin.
Ce regain de tensions intervient alors que la Corée du Nord semble préparer, selon le site internet 38 North, un grand défilé militaire pour le 16 février, date d'anniversaire de Kim Jong-Il, père et prédécesseur de l'actuel leader nord-coréen Kim Jong-Un.