L'immigration, solution à l’«hiver démographique de l’Europe», selon Josep Borrell
Pour le Haut représentant de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, l’immigration extra-européenne constitue une solution à la baisse de la natalité sur le Vieux continent.
«Que l’on aime ou pas, que l’on se réjouisse ou qu’on le regrette, l’hiver démographique de l’Europe – dans une certaine mesure – est comblé par les apports du reste du monde», a déclaré Josep Borrell.
Lors d’un entretien-fleuve de près de deux heures, mené le 11 novembre par Darius Rochebin pour LCI, le chef de la diplomatie européenne s'est vu questionner sur l’immigration. Plus précisément sur la démographie, un sujet qui serait, selon Rochebin, cher à l’homme politique hispano-argentin. «Vous êtes très soucieux de la démographie», lui a ainsi lancé le journaliste.
«L’hiver démographique de l’Europe est comblé par les apports du reste du monde.» Le chef de la diplomatie européenne @JosepBorrellF invité de @LCI estime que les migrations compensent la natalité européenne «Qu’on aime cela ou non, c’est un fait.» pic.twitter.com/6Eztnlm7KA
— Darius Rochebin (@DariusRochebin) November 11, 2022
«On représente 5% de la population mondiale, 5% ce n’est pas beaucoup», a déclaré le Haut représentant de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, commentant les disparités de peuplement entre le continent européen et des pays tels que la Chine et l’Inde. «Il faut en être conscient et il faut savoir que nos voisins sont beaucoup plus jeunes que nous», a poursuivi le diplomate, faisant allusion au continent africain.
L’immigration «compense déjà» le déficit de natalité
«Est-ce qu’il faut avoir la franchise de dire – qu’on le déplore, qu’on s’en réjouisse ou que l’on dise simplement que c’est inéluctable – que la migration va compenser ce déficit de natalité ?», a alors poussé le présentateur. «Elle compense déjà», lui a répondu à la volée Josep Borrell.
Celui-ci a alors brandi le cas de son pays natal, dont il fut ministre des Affaires étrangères, l’Espagne. «Nous recevons chaque année 400 000 immigrants latino-américains», a-t-il souligné, avant de poursuivre : «Sans cela, je vous assure, beaucoup de services sociaux ne pourraient pas fonctionner.»
Cet entretien intervient sur fond de tensions diplomatiques entre Etats membres sur la question migratoire. Paris et Rome s'opposent ainsi sur l'accueil de l’Ocean Viking et de ses 234 clandestins. Le refus italien d’accepter ce bâtiment, affrété par l’association SOS Méditerranée, a provoqué l’ire du gouvernement français. Ce dernier a affirmé aller jusqu'à prendre des mesures de rétorsion à l’encontre de son voisin alpin. Rome, de son côté, a opposé aux accusations d’inhumanité du gouvernement français le fait que l’Italie a, cette année, déjà accueilli plus de 88 000 migrants ayant traversé la Méditerranée.
En 2020, près de deux millions d’individus ont immigré vers l’Union européenne, où vivent 23 millions de ressortissants de pays non membres de l'UE.