Otan : la Finlande et la Suède n’excluent pas l’installation d’armes nucléaires sur leur sol
Alors qu’ils pourraient prochainement faire leur entrée dans l’Otan, la Finlande et la Suède n’entendent «fermer aucune porte» aux demandes de l'Alliance, y compris celle d’un déploiement sur leur sol d’armes nucléaires étrangères.
Bientôt des bombes nucléaires américaines à 500 kilomètres de Saint-Pétersbourg ?
«Nous ne devons mettre aucune condition», a déclaré le 1er novembre, lors d’une conférence de presse à Helsinki, la première ministre finlandaise Sanna Marin. «Nous avons décidé que nous ne voulions fermer aucune porte» a-t-elle insisté, aux côtés de son homologue suédois Ulf Kristersson qui s’est dit prêt à envisager l’installation d’armes nucléaires sur son sol une fois son pays devenu membre de l’Otan. Les deux chefs de gouvernement ont précisé que si leurs pays avaient des réserves, ils pourraient toujours les exprimer «plus tard».
Des déclarations qui abondent dans le sens des révélations du journal Iltalehti. Celui-ci avançait le 26 octobre que le projet de loi du gouvernement finlandais sur l’adhésion du Royaume à l’Otan ne comporterait aucune restriction quant au déploiement d’armes nucléaires sur son sol. Lors des pourparlers d’adhésion à l’Alliance, en juillet, le ministre des Affaires étrangères Pekka Haavisto et son homologue de la Défense Antti Kaikkonen se seraient «engagés» à ce que leur pays n'émette «pas de restrictions ou de réserves nationales concernant son adhésion à l'Otan dans son accord d'adhésion», relate le quotidien finnois. Même absence de toute «restriction» du côté de Stockholm, soutenait Iltalehti. Précision néanmoins : la Suède, elle, ne partage pas 1300 kilomètres de frontière avec la Russie.
De la finlandisation à la nucléarisation
La Finlande, futur porte-flingues des Etats-Unis aux portes de la Russie ? L’arrivée d’armes nucléaires américaines sur ce territoire scandinave acterait un revirement tout aussi radical que la décision de rejoindre l’Otan.
Prétextant l’entrée en Ukraine des troupes russes, Helsinki avait annoncé le 12 mai son intention de rejoindre l'OTAN. Un virage géopolitique à 180 degrés pour un pays qui depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale était devenu un archétype de la neutralité. Dans la foulée, la Suède avait emboîté le pas de son voisin.
Leurs voisins norvégiens et danois, membres fondateurs de l’Alliance, ont refusé l’installation de bases permanentes ou d’armes nucléaires sur leur sol. Pour l’heure, seuls cinq pays membres de l’Otan (l'Allemagne, la Belgique, l'Italie, les Pays-Bas et la Turquie) accueillent plus d’une centaine de bombes tactiques B61.
Ces bombes atomiques, transportables par un chasseur-bombardier, sont mises à disposition par les Etats-Unis dans le cadre du partage nucléaire de l’Otan. Bien que des pays de l’Alliance puissent ainsi transporter ces charges nucléaires, les Américains restent les seuls détenteurs des codes d’armement et donc les seuls à décider de leur emploi.
B61 : l’armée de l’air finlandaise semble avoir pris les devants
En cas de nucléarisation des capacités militaires finlandaises, les bombes américaines pourraient être transportées par les F-35A commandés quelques mois avant le début des hostilités en Ukraine. En décembre 2021, à l’occasion d’un énième pied de nez à l’«Europe de la Défense», Helsinki devenait le neuvième pays européen à opter pour le chasseur américain de 5e génération. Soixante-quatre appareils doivent équiper, d’ici 2030, l’armée de l’air finlandaise. Toutefois, le premier d’entre eux n’est pas attendu avant 2026.
Le dernier obstacle à cette entrée des deux pays scandinaves dans l’Otan semble être la réticence de la Turquie. Officiellement, cette dernière accuse Helsinki et Stockholm de protéger des combattants kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et des Unités de protection du peuple (YPG), considérés comme terroristes par Ankara. Début octobre, le président turc réitérait sa menace de ne pas faire ratifier la demande d'adhésion «tant que les promesses» faites par la Finlande et la Suède concernant l'extradition de «terroristes» ne seraient pas «tenues».
Une barrière à un nouvel élargissement de l'Alliance, que s’emploie à lever son secrétaire général qui s’est rendu ce 3 novembre à Istanbul pour rencontrer le président Recep Tayyip Erdogan. «Il est temps d'accueillir la Suède et la Finlande comme membres de l'Otan», a ainsi plaidé Jen Stoltenberg.