John Bolton charge Assange devant sa femme, elle le renvoie à son rôle dans la guerre en Irak

John Bolton charge Assange devant sa femme, elle le renvoie à son rôle dans la guerre en Irak© JUSTIN TALLIS
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Stella Assange lors d'un rassemblement contre l'extradition de Julian Assange à Londres, le 17 mai 2022 (illustration).
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Stella Assange a croisé le fer avec l'ancien conseiller américain à la sécurité nationale lors d'un débat télévisé, l'accusant d'être un adversaire idéologique résolu de son mari. Selon John Bolton, ce dernier mérite «au moins 176 ans de prison».

Stella Assange, l'épouse du fondateur de WikiLeaks toujours détenu au Royaume-Uni dans une prison de haute sécurité, est apparue sur le plateau de la chaîne britannique TalkTV lors d'un débat à couteaux tirés avec l'ancien conseiller à la sécurité nationale de George Bush Junior, John Bolton.

Après avoir défendu les révélations faites par son mari, dont des crimes de guerre de l'armée américaine, dans «l'intérêt du public», Stella Assange a rappelé qu'il était exposé à une peine de près de 175 ans de prison s'il venait à être extradé aux Etats-Unis. Elle a ensuite été confrontée à John Bolton, qui a tenu des propos au vitriol. Selon lui, Julian Assange s'est livré à une véritable «activité criminelle» en publiant les fameux Wikileaks. 

J'espère qu'il prendra au moins 176 ans de prison pour ce qu'il a fait

«Il n'est pas plus journaliste que la chaise sur laquelle je suis assis», a-t-il lancé, affirmant que «les informations qu'il a divulguées ont [...] mis de nombreuses personnes en danger» et «sapé la capacité des États-Unis à avoir des communications diplomatiques confidentielles». «J'espère qu'il prendra au moins 176 ans de prison pour ce qu'il a fait», a-t-il ensuite asséné.

Stella Assange a répliqué en affirmant que John Bolton est en quelque sorte la «némésis idéologique de Julian», rappelant le rôle de l'ex-fonctionnaire dans la promotion de l'invasion de l'Irak en 2003 auprès du public américain. 

John Bolton était alors en charge des questions de désarmement pour le président George W Bush, qui allait déclencher l'invasion de l'Irak de Saddam Hussein, sous le faux prétexte, comme on le sait désormais, que ce dernier aurait disposé d'armes de destruction massive.

Elle l'a accusé d'avoir, durant son passage par les administrations de George Bush et de Donald Trump, cherché à «saper le système juridique international et à faire en sorte que les États-Unis ne soient pas placés sous la juridiction de la Cour pénale internationale». En ajoutant que, dans le cas contraire, il serait lui-même passible de poursuites pénales devant ladite Cour : John Bolton se trouverait par conséquent dans «un conflit d'intérêts».

«C'est ridicule», a rétorqué l'ancien conseiller. Il a ensuite adopté un ton menaçant en estimant que Stella Assange se plaçait dans une «situation très dangereuse» en soutenant sans faille son époux, ce qui pourrait l'exposer elle-même à des poursuites.

Celle-ci a dénoncé l'atteinte au 1er amendement - qui protège la liberté de la presse aux Etats-Unis - que constituent à ses yeux les poursuites engagées contre Julian Assange en vertu de l’Espionage Act, un texte adopté en 1917 et qui punit sévèrement les activités anti-américaines. Réagissant vertement sur ce point, pourtant évoqué par le Washington Post, John Bolton a à nouveau mis en avant les impératifs de sécurité nationale pour justifier ces poursuites, et qualifié Julian Assange de «hacker».

C'est un animal en cage

Interrogée sur l'état de santé de son mari, Stella Assange a déclaré que que sa santé «décline de jour en jour», soulignant qu'il n'est autorisé à voir ses enfants qu'une ou deux fois par semaine. «C'est un animal en cage, et vous pouvez imaginer ce que cela fait à une personne», a-t-elle poursuivi.

Le fondateur de WikiLeaks croupit depuis  bientôt trois ans et demi derrière les barreaux de la prison de haute sécurité de Belmarsh, où, bien que ne purgeant actuellement aucune peine, il reste incarcéré du fait des multiples démarches juridiques menées par Washington pour obtenir son extradition.

Fin août, la Haute Cour de justice du Royaume-Uni a reçu les motifs d’appel invoqués par Julian Assange pour s’opposer à la décision du gouvernement britannique d’avoir ordonné, le 17 juin dernier, son extradition vers les Etats-Unis. Pour rappel, la ministre de l’Intérieur Priti Patel avait alors fait savoir que «les tribunaux britanniques n'avaient pas conclu qu'il serait oppressif, injuste ou un abus de procédure d'extrader Monsieur Assange».

Un récent appel lancé pour aider les renseignements américains à charger Assange 

L'aversion de John Bolton pour Julian Assange rappelle l'acharnement dont fait preuve depuis plusieurs années l'administration américaine pour obtenir son extradition. Alors que ses détracteurs l'ont, pendant plus d'une décennie, accusé d'avoir mis des vies humaines en danger sur le terrain, l'équipe de sa défense n'a eu de cesse de rappeler la rigueur et le professionnalisme du fondateur de WikiLeaks dans la manipulation de documents sensibles.

Qu'à cela ne tienne, un ancien haut responsable de la diplomatie américaine, Niels Marquardt, a récemment publié sur le site de l'American Foreign Service Association (structure basée à Washington D.C et qui représente 28 000 employés actifs et retraités des renseignements américains) un article violemment à charge contre Julian Assange.

«J'espère profondément qu'il perdra à nouveau [son appel devant la justice britannique contre son extradition] et se retrouvera bientôt face à la justice devant un tribunal américain [...]. Il est grand temps de commencer à repousser avec force l'idée profondément erronée selon laquelle les actions d'Assange, perçues par beaucoup comme une sorte de Robin des bois des temps modernes, ont fait progresser la liberté de la presse», écrit dès les premières lignes Niels Marquardt.

Et pour cause, le haut diplomate américain impute au ressortissant australien de graves nuisances à la politique étrangère des Etats-Unis et l'accuse d'avoir été à l'origine du calvaire «de nombreux collègues» qui, selon lui, auraient subi les conséquences de la diffusion par WikiLeaks de certains documents confidentiels.

Si un lecteur connaît d'autres amis des Etats-Unis qui ont été négativement affectés par WikiLeaks et qui ont besoin de l'attention de notre gouvernement, veuillez m'envoyer ces informations par e-mail

Dans son texte, relayé le 5 octobre par plusieurs médias tels que rfi ou encore Jeune Afrique, Niels Marquardt prend pour exemple le cas d'un homme politique camerounais avec qui il était en contact régulier pendant plusieurs années : Marafa Hamidou Yaya, qui a occupé plusieurs postes ministériels dans les années 2000, avant d'être condamné en 2012 à 25 ans de prison pour détournement de fonds. Selon le haut fonctionnaire américain, cette incarcération est à imputer à nul autre que WikiLeaks, plus précisément à certaines révélations au sujet d'ambitions présidentielles que l'ancien ministre camerounais avait confiées à son interlocuteur américain. 

Niels Marquardt conclut son texte en encourageant ses lecteurs à lui faire remonter des témoignages de mésaventures imputées à WikiLeaks afin d'aider «le Bureau d'Etat du renseignement et de la recherche (INR)» dans leur compilation d'informations sur les dommages causés par Julian Assange.

Cet appel serait-il annonciateur d'une nouvelle campagne anti-Assange à l'heure où son extradition outre-Atlantique n'a jamais été aussi proche ? Force est de constater que cette dernière décennie a été chargée en procédures juridiques visant le fondateur de WikiLeaks, l'empêchant ainsi de recouvrer sa liberté pourtant réclamée à travers de nombreux communiqués, tribunes, pétitions et autres actions coup de poing menées de part et d'autre du globe. Julian Assange a notamment reçu le soutien de journalistes de renom ainsi que de syndicats représentatifs de la profession. Et pour cause, le fondateur de WikiLeaks est détenteur de plusieurs prix de journalisme pour les nombreuses révélations d'intérêt général auxquelles il a contribué.

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