Ukraine : Borrell regrette que des Européens souhaitent «mettre fin à la guerre» en abandonnant Kiev
Josep Borrell déplore que certains Européens souhaitent précipiter le conflit en Ukraine à son terme en stoppant l'aide de l'UE à Kiev, du fait de son coût important pour les sociétés européennes. Il dénonce «une mentalité qui doit être dépassée».
«La tentation d'abandonner est là mais nous ne pouvons pas faiblir, nous devons maintenir notre soutien à l'Ukraine», a déclaré le chef de la diplomatie de l'Union européenne Josep Borrell, dans un entretien publié ce 15 septembre par le quotidien espagnol El Mundo.
Celui qui est aussi le vice-président de la Commission européenne a ainsi déploré qu'entre autres répercussions de la crise énergétique en Europe, se développait un scepticisme grandissant concernant le soutien financier à apporter à l'Ukraine.
«Il y a, dans une partie de la société européenne, une tentation d'abandonner [l'Ukraine]. Les gens veulent mettre fin à la guerre parce qu'ils ne peuvent pas en supporter les conséquences, les coûts. Cette mentalité doit être dépassée», a-t-il encore estimé, ici cité par EuroWeekly News.
En évoquant «les conséquences» et «les coûts» du conflit en Ukraine pour les populations européennes, le haut diplomate de l'UE a abordé un sujet particulièrement clivant au sein des 27 : tant le sujet de la contribution aux aides financières et militaires à destination de Kiev que celui de l'adoption de sanctions antirusses sur l'énergie font l'objet de divergences. Pour rappel, l'UE a adopté de nombreuses sanctions économiques et diplomatiques contre la Russie et livré des armements à Kiev, en réaction à l'«opération militaire spéciale» russe en Ukraine, lancée fin février et que les 27 dénoncent comme une guerre d'invasion.
Un mouvement protestataire qui émerge en Europe
Dernièrement, plusieurs pays européens ont d'ailleurs vu émerger un mouvement de contestation face à de tels choix politiques.
Quelque 70 000 personnes ont ainsi manifesté le 3 septembre dans le centre de Prague contre le gouvernement tchèque, l'accusant d'accorder plus d'attention à l'Ukraine qu'à ses propres citoyens.
En France, une manifestation a été organisée à Paris le 3 septembre, notamment pour revendiquer la sortie du pays de l'OTAN et de l'UE. En amont du rassemblement parisien, les organisateurs avaient entre autres invoqué les «pénuries organisées» selon eux par les autorités (dans le contexte de tensions énergétiques liées notamment au conflit en Ukraine), l'«explosion des prix» ou encore le «climat de guerre», afin de mobiliser les manifestants.
Une semaine plus tard, c'est la capitale autrichienne qui a vu défiler des milliers de manifestants opposés aux sanctions visant la Russie.