Conflit en Ukraine : Emmanuel Macron «assume» la poursuite du dialogue avec la Russie
- Avec AFP
Le chef d'Etat français a prôné la poursuite du dialogue avec Moscou, estimant qu'il fallait «assumer de pouvoir toujours continuer à parler à tout le monde», surtout ceux avec qui l'on n'est «pas d'accord».
Ce 1er septembre, Emmanuel Macron a déclaré qu'il assumait poursuivre le dialogue avec la Russie sur le dossier ukrainien. «Qui a envie que la Turquie soit la seule puissance du monde qui continue à parler à la Russie ?», a lancé le président de la République devant les ambassadeurs français réunis à l'Elysée – une référence, sans doute, au rôle d'intermédiaire qu'a pu jouer Ankara depuis le lancement de l'«opération militaire spéciale» russe en Ukraine.
«Il ne faut céder à aucune forme de fausse morale qui nous "impuissanterait"», a poursuivi le chef d'Etat, répétant que «le métier de diplomate c'est bien de parler à tout le monde et surtout aux gens avec qui nous ne sommes pas d'accord». «[Il faut] assumer de pouvoir toujours continuer à parler à tout le monde», a martelé le dirigeant français. «Et donc nous continuerons de le faire [...] en cohérence avec nos alliés», a-t-il ajouté, rappelant que «la division de l'Europe» était «un des buts de guerre de la Russie».
Le président français est l'un des rares dirigeants européens à s'être entretenu avec le président russe Vladimir Poutine après le lancement de l'offensive russe en l'Ukraine le 24 février dernier – offensive que la France, à l'instar de l'UE et des Etats-Unis notamment, dénoncent comme une guerre d'invasion.
L'Elysée a toujours affirmé avoir agi avec l'accord du président ukrainien Volodymyr Zelensky, et les contacts se sont raréfiés après des accusations des crimes de guerre imputés à la Russie, notamment à Boutcha, en banlieue de Kiev – des accusations qui ont été balayées par Moscou.
Le dernier contact téléphonique entre le président français et son homologue russe remonte au 19 août, et concernait la situation à la centrale nucléaire de Zaporojié et l'organisation d'une mission de l'Agence internationale de l’énergie atomique.
Depuis février, des responsables de pays d'Europe centrale et orientale ont reproché à Emmanuel Macron cette volonté de maintenir un dialogue avec le Kremlin, en même temps que la France condamnait l'offensive russe en Ukraine et prenait de nombreuses sanctions économiques et diplomatiques antirusses. C'est en raison précisément de ces sanctions que Moscou classe la France parmi les pays jugés «inamicaux», ou «hostiles», aux côtés des autres pays de l'UE, des Etats-Unis, de l'Australie, du Canada, du Royaume-Uni, de la Nouvelle-Zélande, du Japon, de la Corée du Sud, de la Norvège et de Taïwan.