Orban défend «un point de vue culturel» hongrois après ses propos sur son refus d'une «race mixte»
- Avec AFP
«En Hongrie, ces expressions et ces phrases représentent un point de vue culturel, civilisationnel» : Viktor Oban a défendu ses propos sur son opposition à la société «multi-ethnique» et sa crainte que le peuple hongrois ne devienne une «race mixte».
Le chef du gouvernement de Hongrie a défendu le 28 juillet «un point de vue culturel, civilisationnel» hongrois après son discours le week-end précédent contre «le mélange des races», qui lui a notamment attiré les foudres des Etats-Unis.
«Il arrive parfois que je parle d'une manière qui peut être mal comprise, mais j'ai demandé au chancelier [autrichien] de bien vouloir placer les informations dans un contexte culturel», a déclaré Viktor Orban à Vienne, où il effectuait une visite. «En Hongrie, ces expressions et ces phrases représentent un point de vue culturel, civilisationnel», a-t-il fait valoir.
Une «rhétorique de cette nature est inexcusable plus de 75 ans après l'Holocauste», avait au préalable estimé le porte-parole américain du département d'Etat Ned Price, citant un communiqué de Deborah Lipstadt, la représentante spéciale de Washington sur les questions d'antisémitisme. Celle-ci a également déclaré qu'elle était «profondément alarmée» par un discours recourant à «une rhétorique qui évoque clairement l'idéologie raciale nazie».
Viktor Orban avait rejeté le 23 juillet la vision d'une société «multi-ethnique». «Nous ne voulons pas être une race mixte», qui se mélangerait avec «des non-Européens», avait-il dit, avant de faire une apparente allusion aux chambres à gaz du régime nazi, ce qui lui a valu de vives critiques de survivants de l'Holocauste et de la communauté juive. Alors que le Premier ministre hongrois blâmait la politique énergétique de l'Union européenne en réaction au conflit en Ukraine et fustigeait le plan de Bruxelles de diminuer de 15% la demande européenne de gaz, il avait déclaré dans le même discours : «Je ne vois pas comment ils peuvent y contraindre les Etats membres, quoiqu'il existe un savoir-faire allemand dans ce domaine, comme le passé l'a montré.»
Une conseillère d'Orban démissionne et qualifie sa tirade de «pur texte nazi digne de Goebbels»
Le chancelier autrichien a évoqué cette controverse dès le début de la conférence de presse entre les deux hommes, «condamnant fermement toute forme de racisme et d'antisémitisme» et assurant qu'ils avaient abordé la question «en toute franchise». «Nous sommes en parfait accord», a réagi Viktor Orban, se disant «fier» de la politique de «zéro tolérance» contre l'antisémitisme menée par la Hongrie.
Zsuzsa Hegedus, une sociologue conseillant Viktor Orban de longue date et dont les parents ont survécu à la Shoah, a remis le 26 juillet sa démission. Elle a dénoncé «une position honteuse» et «un pur texte nazi digne de Goebbels», l'ancien chef de la propagande de l'Allemagne nazie.
Depuis son retour au pouvoir en 2010, Viktor Orban a transformé son pays en mettant en place des réformes reposant sur la «défense d'une Europe chrétienne». Dans le cadre de cet objectif, il a notamment pourfendu les ONG venant en aide aux migrants illégaux arrivés d'Afrique et du Moyen-Orient, rendant plus difficile l'asile et faisant ériger des barrières aux frontières hongroises.