Condamné pour des propos sur les migrants mineurs isolés, Zemmour dénonce une décision «idéologique»
Le candidat à l'élection présidentielle a été condamné à 10 000 euros d'amende pour provocation à la haine après des propos de 2020 sur les migrants mineurs isolés. Eric Zemmour a dénoncé une décision «idéologique et stupide». Il va faire appel.
Eric Zemmour, candidat à l'élection présidentielle, a été condamné le 17 janvier à 10 000 euros d'amende par le tribunal correctionnel de Paris pour provocation à la haine en raison de propos tenus le 29 septembre 2020 sur l'antenne de CNews. Il avait alors qualifié les migrants mineurs isolés de «voleurs», d'«assassins» et de «violeurs».
A la sortie de l'audience, son avocat, Olivier Pardo, a fait savoir qu'il comptait faire appel de la décision. Eric Zemmour n'était pas présent pour entendre le jugement. Il a été condamné à 100 jours-amende à 100 euros, soit 10 000 euros, avec possibilité d'emprisonnement en cas de non-paiement.
Dans un communiqué, Eric Zemmour a dénoncé une «condamnation idéologique et stupide». «A l'occasion de ce procès, une dizaine d'associations antiracistes et une vingtaine de conseils départementaux, essentiellement de gauche, se sont constitués partie civile à moins de trois mois du premier tour de l'élection présidentielle, et le tribunal s'est empressé de satisfaire à leurs caprices. C'est la condamnation d’un esprit libre par un système judiciaire envahi par les idéologues», a-t-il ajouté.
Nous voulons la fin de ce système qui resserre chaque jour le garrot sur la liberté d’expression et le débat démocratique. Ce système fabrique du délit d’opinion de manière industrielle. Il est urgent de chasser l’idéologie des tribunaux. La justice doit redevenir la Justice. pic.twitter.com/KDyXiFK0oj
— Eric Zemmour (@ZemmourEric) January 17, 2022
Face aux journalistes, l'ancien polémiste a déclaré : «J'ai un agenda judiciaire chargé car on veut me diaboliser. On veut, par la justice, me faire taire, parce que je suis le seul candidat à l'élection présidentielle à poser cette question majeure de l'immigration, de l'identité de la France et du grand remplacement.»
La LDH satisfaite de la décision
De son côté, Arié Alimi, avocat de la Ligue des droits de l'Homme (LDH), s'est satisfait de la condamnation : «C'est une décision importante car derrière ce projet médiatique, il y a un projet politique, un projet de haine qui tend à stigmatiser les personnes en raison de leur origine, de leur confession, de leur race.»
Une trentaine d'associations s'étaient constituées parties civiles, parmi lesquelles SOS Racisme, la LDH ou encore la Licra, ainsi qu'un vingtaine de conseils départementaux (les mineurs isolés étant pris en charge par l'aide sociale à l'enfance, dont la gestion revient aux départements).
«Les mineurs étrangers isolés qui viennent demander protection en France, ainsi que toutes celles et ceux qui travaillent du mieux possible à leur offrir, ne sont pas et ne seront jamais les boucs émissaires utiles d'une quelconque ambition présidentielle», a de son côté fait valoir Stéphane Troussel (PS), président du Conseil départemental de Seine-Saint-Denis.
Dans un débat animé par la journaliste Christine Kelly et dédié à la question des mineurs isolés peu après l'attaque terroriste ayant eu lieu devant les ex-locaux de Charlie Hebdo le 25 septembre 2020, Eric Zemmour avait déclaré dans la soirée du 29 septembre : «Ils n'ont rien à faire ici, ils sont voleurs, ils sont assassins, ils sont violeurs, c'est tout ce qu'ils sont, il faut les renvoyer et il ne faut même pas qu'ils viennent.» «C'est une invasion permanente [...] c'est un problème de politique d'immigration», avait-il encore ajouté.
Eric Zemmour fera de nouveau face à la justice le 20 janvier, pour un procès en appel pour contestation de crimes contre l'humanité. Enfin, il est également assigné le 27 janvier pour son clip de campagne diffusé le 30 novembre, dans lequel il annonçait sa candidature, et qui avait suscité un tollé en raison de l'utilisation d'images d'archives.