Réacteurs nucléaires à l'arrêt : la France devra-t-elle importer de l'électricité cet hiver ?
EDF a confirmé que les deux réacteurs nucléaires de la centrale de Chooz ont été mis à l’arrêt le 18 décembre pour des défauts de soudure. Résultat, la France pourrait devoir importer de l'électricité en provenance de ses partenaires européens.
D'après une information rapportée par l'AFP, EDF a décidé d'arrêter les deux réacteurs de la centrale nucléaire de Chooz (Ardennes) «par mesure de précaution», et de prolonger l'arrêt des deux réacteurs de la centrale de Civaux (Vienne). Cette annonce fait suite à la découverte de fissures sur les soudures des tuyauteries du circuit d'injection de sécurité. Un circuit qui permet de refroidir le réacteur en cas d'accident. Avec 15 réacteurs arrêtés sur 56, le parc nucléaire français n’a jamais été aussi peu productif, alors que l'hiver approche.
Toujours selon l'AFP, l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), un établissement public expert en matière de sûreté nucléaire et radiologique, a annoncé le 16 décembre que «des actions de contrôle pourraient s’avérer nécessaires sur les autres réacteurs en exploitation». L'IRSN a également confirmé que les investigations sur les quatre réacteurs d’EDF devraient durer plusieurs semaines. Pire encore, d'après un membre de l'IRSN cité par Le Parisien, «une anomalie générique relative aux réacteurs de ce type ne peut à ce stade être exclue».
L'arrêt d'autres réacteurs réduirait d'autant plus la production d'un parc nucléaire français, déjà particulièrement amoindri, notamment en raison des reports d’opérations de maintenance décidés par EDF en 2020 eu égard au Covid-19.
Avant même ces fermetures, le gestionnaire de réseau électrique Réseau de transport d'électricité (RTE) prévoyait déjà un hiver en «vigilance particulière», craignant d’importants pics de la consommation, notamment en janvier et février, au moment où les températures risquent d’être les plus basses. L'énergie atomique compte pour 77% de la production électrique française, et la crise sanitaire a affecté le calendrier de maintenance des centrales.
La France va-t-elle devoir importer de l'électricité ?
Avec ces réacteurs à l’arrêt au 18 décembre, le réseau français aura peut-être besoin d’importer de l’électricité supplémentaire. Si RTE a affirmé le 17 décembre que la sécurité d'approvisionnement de la France en électricité était «bien assurée la semaine prochaine», selon Le Parisien, le pays pourrait devoir faire appel à ses partenaires européens – Allemagne en tête – et donc indirectement à la Russie qui alimente plus d’un tiers des centrales à gaz européennes. Un comble, quand on sait que la France s'est engagée à décarboner au maximum sa production d’électricité.
En réaction à cette annonce, les cours de l'électricité pour livraison l'an prochain en France se sont envolés, atteignant 300 euros le mégawattheure sur le marché de gros. «Les problèmes rencontrés sur certaines centrales nucléaires françaises et la faible disponibilité attendue ces prochaines semaines ou même ces prochains mois ont soutenu les cours à terme en France», a expliqué à l'AFP Eligio Marino, du cabinet spécialisé AleaSoft.
Avant cette annonce, les cours de l'électricité étaient déjà à la hausse depuis plusieurs semaines, en conséquence de la flambée de ceux du gaz, mais aussi des quotas de CO2 sur les marchés du carbone, où les entreprises achètent et revendent des «droits à polluer» alloués en nombre limité par les autorités.
Si les particuliers et les petites entreprises sont protégés par la limitation de la hausse à 4% du tarif réglementé de vente en 2022 décidée par le gouvernement, les industriels sont fortement touchés par la flambée des cours de l'énergie. C'est par exemple le cas de l'usine Nyrstar d'Auby (Nord), la dernière à produire du zinc en France avec 300 salariés, qui sera mise à l'arrêt le 2 janvier pour au moins deux mois, en raison de l'explosion des tarifs de l'électricité, ont annoncé le 16 décembre la CGT et la direction dans un communiqué repris par l'AFP.