Enquête sur le travail forcé de Ouïghours : l'extension d'un magasin Zara refusée à Bordeaux
- Avec AFP
La demande d'extension d'une boutique Zara à Bordeaux a essuyé un refus motivé par une enquête en cours sur de possibles recours au travail forcé de Ouïghours en Chine.
L'enseigne Zara France a essuyé un refus concernant l'extension d'un magasin à Bordeaux (Gironde) en raison d'une enquête en cours sur le possible recours au travail forcé des Ouïghours en Chine par Inditex, maison-mère de la marque, a appris l'AFP le 29 novembre auprès d'élus membres d'une commission administrative.
Zara France demandait le doublement de la surface de son magasin situé dans le centre de Bordeaux, rue Sainte-Catherine, pour la porter de 1 098 mètres carrés à 2 070 mètres carrés. Mais le 9 novembre, la commission départementale d'aménagement commercial (CDAC) chargée d'examiner la requête a émis un «avis défavorable» au projet, par trois voix contre une et six abstentions.
Les trois membres qui ont émis leur veto – une adjointe du maire écologiste de Bordeaux, un élu écologiste de la Métropole et une conseillère de la Région Nouvelle-Aquitaine (PS-PCF-PRG), ont notamment invoqué l'existence d'une enquête judiciaire en cours sur des soupçons de recours au travail forcé de Ouïghours en Chine par les sous-traitants d'Inditex.
«C'est une décision politique que nous assumons. Nous avons voulu donner un signal fort en refusant l'agrandissement de magasins qui ne maîtrisent pas suffisamment leurs sous-traitants», a souligné l'élu Alain Garnier, qui représentait la Métropole à cette commission.
L'enquête, ouverte fin juin par le pôle «Crimes contre l'humanité» du parquet national antiterroriste, se fonde sur une plainte déposée en avril par l'association anticorruption Sherpa, le collectif Ethique sur l'étiquette, l'Institut ouïghour d'Europe (IODE) et une Ouïghoure ayant été internée dans la province du Xinjiang (nord-ouest).
Des accusations de recours «au travail forcé»
S'appuyant sur un rapport publié en mars 2020 par l'ONG australienne ASPI (Australian Strategic Policy Institute), les associations reprochent à Uniqlo France, Inditex (Zara, Bershka, Massimo Duti), SMCP (Sandro, Maje, de Fursac...) et au chausseur Skechers de commercialiser des produits fabriqués en totalité, ou en partie, dans des usines où des Ouïghours sont soumis au travail forcé.
L'adjointe aux commerces à la mairie de Bordeaux a justifié sa décision par le fait que «avec l'impact de la "fast-fashion" sur l'environnement et les soupçons de recours au travail forcé des Ouïghours, le projet de Zara nous a semblé contrevenir aux critères de développement durable» inscrits dans le Code du commerce.
Selon l'élue, «il appartient désormais à Zara de faire appel de cette décision devant la commission nationale d’aménagement commercial pour expliquer en quoi l'entreprise respecte ces critères».