Le professeur Didier Raoult visé par une nouvelle enquête interne sur l'IHU de Marseille
- Avec AFP
«Plus d'une dizaine» de membres de l'IHU de Marseille ont dénoncé des pressions exercées par Didier Raoult et la falsification de résultats scientifiques pour démontrer l’efficacité de l'hydroxychloroquine. L'AP-HM a ouvert une enquête interne.
Une nouvelle enquête interne a été demandée le 19 novembre par l'Assistance Publique - Hôpitaux de Marseille (AP-HM) à la suite de nouvelles accusations de Mediapart visant l'institut dirigé par le professeur Didier Raoult en lien avec les conditions dans lesquelles auraient été menées les recherches sur l'hydroxychloroquine.
Selon le site d'informations, «plusieurs membres» de l'institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection, dirigé par Didier Raoult, ont «dénoncé les pressions exercées» par celui-ci ainsi que «la falsification de résultats scientifiques», afin de «démontrer l'efficacité de l'hydroxychloroquine» contre le Covid-19.
Le seuil de positivité des tests PCR a été modifié
«Les faits rapportés, s'ils étaient avérés, constitueraient des dysfonctionnements graves», a réagi l'AP-HM dans un communiqué, en prenant «l'initiative d'une enquête interne afin de confirmer la véracité des faits rapportés par la presse».
Concrètement, explique Mediapart, «plus d'une dizaine de personnes» (biologistes, médecins, internes ou assistants) membres de l'IHU ont dénoncé «la falsification de résultats biologiques permettant de conclure à l'effet bénéfique de l'hydroxychloroquine en biaisant les résultats des tests PCR dans une étude comparant des patients de l'IHU prenant le traitement et des patients du CHU de Nice ne le prenant pas».
Didier Raoult devrait quitter la direction de l'IHU au plus tard fin juin 2022
«Les résultats "n'allant pas dans le sens de Didier Raoult", le seuil de positivité des tests PCR a été modifié, rendant ainsi négatifs un plus grand nombre de résultats pour les patients suivis à Marseille», explique Mediapart, en citant les témoignages de ces membres de l'IHU lors d'entretiens en octobre avec leurs employeurs respectifs, que ce soit l'Université Aix-Marseille, l'AP-HM ou encore l'Inserm ou l'Institut de recherche pour le développement (IRD).
Dans l'article de Mediapart, tous ces témoignages sont anonymisés. Contactés par l'AFP, ni l'IHU ni le professeur Raoult n'ont souhaité commenter les affirmations de Mediapart et l'ouverture de cette enquête par l'AP-HM.
L'AP-HM avait déjà demandé une enquête interne au sein de l'IHU le 22 octobre, après un précédent article – toujours de Mediapart – sur de supposés «essais cliniques» illégaux contre la tuberculose menés depuis 2017 par l'institut du professeur Raoult. L'AP-HM avait justifié cette enquête par la «gravité et l'ampleur potentielle des faits relatés». «Il n'y a pas eu d'essais, seulement des choix thérapeutiques par des médecins», avait répondu Didier Raoult, le 28 octobre, sur C8.
Didier Raoult, à la retraite depuis fin août en tant que professeur d'université praticien hospitalier, devrait quitter la direction de l'IHU au plus tard fin juin. Les six membres fondateurs de l'IHU et la présidente de cet institut ont acté mi-septembre le lancement du recrutement d'un nouveau directeur, qui devrait être désigné au plus tard le 30 juin. Ce processus de recrutement devrait être officiellement validé par le conseil d'administration de l'IHU le 23 novembre.