«Fidélité au parti» : pourquoi l'hypothèse Michel Barnier prend de l'épaisseur à droite

«Fidélité au parti» : pourquoi l'hypothèse Michel Barnier prend de l'épaisseur à droite© Alain JOCARD Source: AFP
Michel Barnier à Maisons-Alfort ( Val-de-Marne), le 26 octobre 2021.
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Malgré des sondages en berne, l'ancien commissaire européen s'est assuré le soutien d'une majorité de cadres LR et espère créer la surprise lors du congrès du parti le 4 décembre, qui doit désigner le candidat de la droite à la présidentielle 2022.

Michel Barnier a dû se frotter les mains fin septembre, quand les adhérents de Les Républicains (LR) ont décidé de choisir leur candidat à l'élection présidentielle de 2022 via un congrès réservé aux seuls militants du parti. L'ancien ministre des Affaires étrangères s'est vu servir sur un plateau le cadre idéal pour profiter de l'un de ses principaux arguments vis-à-vis des militants LR : sa fidélité au parti, contrairement aux favoris Valérie Pécresse et Xavier Bertrand, qui viennent seulement de reprendre leur carte d'adhérent.

Dans l'ombre des deux présidents de région, Michel Barnier espère sur cette base créer une surprise qui n'en serait pas forcément une, à en croire certains cadres et élus LR. «La fidélité au parti est un atout considérable et c'est vrai, ça pèse au yeux des militants», expliquait mi-octobre à LCI François Cornut-Gentille, député LR de Haute-Marne. «Il existe aujourd'hui une petite alchimie en faveur de Barnier», a soufflé au Monde le sarkozyste Brice Hortefeux. Le quotidien affirme même que le Savoyard serait le mieux placé pour l'emporter le 4 décembre, «selon plusieurs sources au sein de l’appareil, qui se basent sur leurs remontées de terrain».

J'ai peur que les militants se fassent plaisir

Une consultation informelle menée par l'élu Julien Aubert mi-septembre auprès de 7 775 adhérents du parti allait dans ce sens : Michel Barnier y obtenait 27,5% des voix, contre près de 20% chacun pour Bertrand et Pécresse. Si le sondage a une valeur très relative, surtout deux mois avant le vote et sans méthodologie claire, il est en revanche certain que l'ancien négociateur du Brexit dispose d'un soutien majoritaire au sein de la nomenklatura LR. Le JDD a interrogé l'ensemble des 256 parlementaires du mouvement – députés, sénateurs et eurodéputés – et sur les 216 qui ont arrêté leur choix, c'est Michel Barnier qui obtient les faveurs d'une courte majorité : 62 le parrainent, contre 56 pour Bertrand et 48 pour Pécresse. Un résultat similaire était ressorti de la consultation de France Info auprès des 101 présidents de fédération LR, bien qu'un tiers n'avait pas encore décidé au 14 octobre.

Même s'il s'agit d'un congrès réservé aux adhérents et pas d'une primaire ouverte (contrairement à l'élection de 2016 qui avait consacré François Fillon), Michel Barnier profiterait aussi d'un phénomène désormais habituel lors des scrutins de désignation d'un candidat en vue de la présidentielle : la prime à l'outsider, parfois jugé plus proche du centre de gravité idéologique des militants. François Fillon, qui avait dépassé Nicolas Sarkozy et Alain Juppé dans la dernière ligne droite en 2016, constitue la meilleure illustration à droite. A gauche, les exemples sont nombreux, avec en 2016 toujours Benoît Hamon (PS, devant Manuel Valls et Arnaud Montebourg) et Yannick Jadot (EELV, devant l'ancienne ministre Cécile Duflot), ou Eva Joly battant Nicolas Hulot à la primaire écologiste de 2012. 

Un déficit de notoriété

«J'ai peur que les militants se fassent plaisir», a ainsi déclaré anonymement un cadre LR à L'Express. Un sentiment de crainte né de sondages peu flatteurs pour Michel Barnier en cas de candidature à la présidentielle 2022. Huit à 10% des intentions de vote, contre 10 à 12% pour Valérie Pécresse, et 13 à 15% pour Xavier Bertrand. En somme, Michel Barnier représentant du parti, c'est un risque de relégation politique accru pour LR, qui souhaite absolument exister en 2022, et ne pas imiter les 6% du candidat PS Benoît Hamon en 2017.

Une première épine dans l'hypothèse Barnier, bien que les sondages peuvent évoluer et/ou que les militants peuvent décider de ne pas en tenir compte. Reste aussi un certain flou quant à la sincérité des propositions : ancien commissaire européen et représentant de l'Union européenne dans les négociations avec le Royaume-Uni sur le Brexit, Michel Barnier a expliqué en septembre que la France devait «retrouver [sa] souveraineté juridique » vis-à-vis de Bruxelles sur la question migratoire, au risque d'alimenter les soupçons d'une conversion souverainiste opportuniste.

Par ailleurs, la personnalité jugée terne de l'ex-ministre de Nicolas Sarkozy ne plaident pas forcément en sa faveur. «Les sondages confirment un déficit de notoriété», concédait auprès de LCI son soutien François Cornut-Gentille. C'est Brice Hortefeux qui synthétisait peut-être le mieux dans Le Monde les qualités du candidat – «méthodique et sérieux» – et ses défauts – «sérieux et méthodique».

Le précédent François Fillon

Autant d'arguments qui poussent l'ancien commissaire européen à ne pas se voir trop vite, trop haut. D'autant qu'un sondage Ifop publié ce 31 octobre par le JDD n'incite guère à l'optimisme : 45% des sympathisants LR y choisissent Xavier Bertrand, contre 26% pour Michel Barnier et 23% pour Valérie Pécresse. Mais les «sympathisants LR» ne sont pas tous adhérents du parti, et ce sont ces derniers qui votent.

Outre le fait que d'ici au vote le 4 décembre, quatre débats télévisés auront lieu entre les candidats, du 8 au 30 novembre. En 2016, avant le premier débat entre les prétendants à droite début novembre, François Fillon obtenait dans les enquêtes d'opinion en moyenne 10 à 12% des votes, au coude-à-coude pour la troisième place avec l'actuel ministre de l'Economie Bruno Le Maire. Alain Juppé comptait virtuellement 37 à 38% des voix (parfois plus de 40% dans certains sondages), Nicolas Sarkozy autour de 30%. Un mois et trois débats télévisés plus tard, François Fillon écrasait ses rivaux au premier tour, avec 44,1% des suffrages, loin devant son premier poursuivant Alain Juppé (28,6%), avant d'emporter l'investiture haut la main au second tour (66,5%). Un précédent renversant qui doit trotter dans la tête de Michel Barnier. 

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