Pour Montebourg, Eric Zemmour porte «un projet de destruction de notre unité nationale»
Le candidat à la présidentielle Arnaud Montebourg a fustigé le programme d'Eric Zemmour qui se résume, selon lui, à ce slogan : «Les Arabes à la mer.» Il a aussi tancé le «mondialisateur» Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon, qu'il juge «sectaire».
Arnaud Montebourg a tiré à boulets rouges le 10 octobre sur le plateau de CNews et d'Europe 1. Interrogé sur la dynamique Eric Zemmour, l'ancien ministre du Redressement productif a d'abord estimé qu'il fallait «qu'on revienne à un débat constructif dans ce pays où on échange des arguments et [non] des invectives».
Il a ainsi suggéré d'unir les Français «vers un destin commun» pour faire face à «l'affaissement du pays et l'appauvrissement». «Nous voyons arriver une sorte de télévangéliste comme monsieur Zemmour [avec] pour seul programme, si on résume : "Les Arabes à la mer"», a-t-il poursuivi.
Interpellé par Sonia Mabrouk pour savoir si son propos n'était pas caricatural, le candidat de «La remontada» (son slogan de campagne) pour 2022 a assumé. «Si je résume, c'est un peu cela», débute-t-il, évoquant l'idée d'Eric Zemmour de «nation ethnique pour la France», alors qu'elle est, pour l'ancien député de Saône-et-Loire, «une nation politique et civique». Il a par exemple dénoncé «l'établissement du droit du sang et l'abandon du droit du sol qui existe depuis François Ier – conforté par la Révolution française» et les autres régimes ensuite. Par conséquent, Arnaud Montebourg propose de «déconstruire» le projet d'Eric Zemmour qui serait, à l'inverse de sa remontada, «un projet d'affrontement dans le pays [...] un projet de destruction de notre unité nationale, qui est déjà bien mise à mal».
Arnaud Montebourg en a toutefois profité pour condamner les propos de l'humoriste Gaëtan Matis, qui avait imaginé le 9 octobre remonter le temps pour réserver le Bataclan à Eric «Zemmour et son public» lors de l'attentat islamiste du 13 novembre 2015.
Arnaud Montebourg pointe du doigt Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron
Au cours de l'interview, il a d'ailleurs dénoncé le «groupe Zemmour-Le Pen», qui serait «des ethnicistes destructeurs». Il a aussi accusé Emmanuel Macron d'être un «libéral mondialisateur, eurobéat».
Arnaud Montebourg a affirmé défendre un projet qui «n'a pas vraiment été défendu à gauche», hormis «à un moment par Jean-Pierre Chevènement», affirmant une nouvelle fois que «Jean-Luc Mélenchon ne pouvait pas gagner» la présidentielle. Il a ainsi qualifié l'offre du chef de file de La France insoumise de «radicale et sectaire» face à la sienne qui serait «rassembleuse». S'il se classe comme un «homme de gauche», Arnaud Montebourg note qu'il «faut se tourner vers les Français» et cela demande de «construire un Conseil national de la résistance, nouvelle formule, au regard des risques qui pèsent sur [la] nation». Cette union irait «des gaullistes aux communistes». Il n'a en revanche pas cité de personnalités gaullistes avec lesquelles il se sentirait proche.
Quant à sa position sur le souverainisme, Arnaud Montebourg a rappelé qu'il n'était pas un «frexiteur» : «Mais je pense que la part de souveraineté nationale dans l'Union européenne doit être désormais admise pour pouvoir sauver l'Europe.» Il propose notamment que l'UE nous «fiche la paix» sur les questions intérieures.