Deux ans après l’incendie de Lubrizol, des Rouennais dénoncent le manque de transparence de l'Etat
Deux ans après l’incendie de l’usine Lubrizol à Rouen, environ 150 personnes ont défilé dans les rues pour réclamer davantage de transparence de l’Etat concernant les risques sanitaires de la catastrophe industrielle.
Environ 150 personnes ont manifesté dans les rues de Rouen (Seine-Maritime), ce 26 septembre, pour réclamer plus de transparence des autorités publiques concernant les risques sanitaires de l’incendie de l'usine Lubrizol survenu en septembre 2019.
Il y a deux ans, près de 10 000 tonnes de produits chimiques avaient brulé dans cet incendie et celui de l’entrepôt Normandie Logistique, laissant une épaisse fumée noire à l'odeur fétide. Si les pouvoirs publics continuent d'assurer qu'il n'existe pas de «contamination en lien avec l’incendie» qui soit «différenciable d’une pollution industrielle historique», des habitants continuent ainsi de dénoncer l’insuffisance des mesures de précaution et de protection mises en place après le sinistre.
«Lubrizol coupable, Etat complice», pouvait-on lire sur l'une des banderoles brandie par des manifestants.
2 ans après la catastrophe #Lubrizol :
— Normandie Écologie (@NdieEcologie) September 26, 2021
- Aucun prélèvement n’a été effectué comme nous l’avons demandé
- Absence de suivi sanitaire auprès des populations et des sols impactés.
Nous attendons toujours des réponses et des condamnations!
La mobilisation continue ! pic.twitter.com/hfLtcGZ8bW
Il y a un an déjà, plusieurs centaines d'habitants avaient manifestés dans les rues de la ville pour réclamer des mesures de protection et de contraintes à l'égard des industriels. Ils exigeaient aussi un suivi médical à long terme. Les associations de riverains créées dans le sillage de la catastrophe déplorent qu'aucun recensement des personnes exposées au nuage n'ait été fait à ce jour. Une telle mesure aurait permis de traquer sur le long terme l'apparition d'éventuels cancers ou de malformations congénitales.
La publication de la liste des produits chimiques impliqués dans l'incendie avait engendré de vives inquiétudes parmi les riverains quant aux conséquences sanitaires et environnementales. La préfecture se veut cependant rassurante et publie régulièrement ses analyses.
La méfiance de la population a également été exacerbée par une communication gouvernementale défaillante. Dans un rapport rendu en juin 2020, la commission d'enquête sénatoriale dénonçait le manque d'information à destination des milieux économiques et scolaires et des agents des services publics, ainsi que des «imprécisions, omissions et approximations» du gouvernement et de l'entreprise Lubrizol. Le Sénat déplorant «que l'attitude des services de l'Etat ait principalement visé à éviter la panique, quand les citoyens demandaient simplement à connaître la réalité de la situation».
Encore aujourd'hui, des interrogations demeurent concernant l'étendue de la pollution. C'est ainsi que selon une enquête menée par Mediapart, les pouvoirs publics auraient sous-estimé son étendue géographique. Cité dans l'article du média d'investigation, Philippe Giraudeau, directeur du laboratoire Aair Lichens, qui a lui-même procédé aux prélèvements de lichens pour vérifier les niveaux de pollution engendrés, affirme «qu'il est probable que le panache [de la fumée] ait été beaucoup plus loin que les communes les plus éloignées mesurées dans cette campagne».