Maire de Calais à propos de la crise des migrants : il faut une réponse entre humanité et fermeté

Maire de Calais à propos de la crise des migrants : il faut une réponse entre humanité et fermeté Source: Reuters
"New Jungle" à Calais
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Dans une interview exclusive à RT, la maire de Calais Natacha Bouchart évoque la crise migratoire dans la ville et les mesures possibles pour faire face à la situation, y compris le recours à l'armée.

RT : Qu’allez-vous faire avec ce nombre croissant de migrants qui peuple la jungle en bordure de Calais ? Comment allez-vous passer l’hiver ?

Natacha Bouchart : Ce qu’il faut comprendre, c’est que Calais est dans une situation unique, provoquée par des conflits internationaux. Calais est donc obligée d’avoir la capacité de s’adapter en fonction des jours, des flux, des événements.

Aujourd’hui, nous avons 6 000 migrants sur le territoire, et il a été demandé au gouvernement d’agir avec humanité et fermeté. L’humanité c’est un centre couvert où il y aura des tentes, avec 1500 places, qui pourra accueillir des migrants, qui seront identifiés mais aussi protégés. C’est important parce qu’actuellement il y a beaucoup de trafics au milieu du territoire. Ensuite, protéger les femmes et les enfants est un point qui me paraît essentiel.

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Aussi, demander au gouvernement de prendre des dispositions pour mettre en place des «centres-tampon» dans d’autres lieux, qui puissent accueillir 400 ou 500 migrants, pour alléger le nombre de migrants se trouvant sur le territoire. Vérifier qui sont ces migrants ; certains demandant à être reconduits dans leur pays, ou reconduits à la frontière puisqu’ils n’ont rien à faire sur le territoire, n’ayant pas de priorité pour les accueillir, en tout cas à Calais. Il faudrait également faire en sorte que les flux soient mieux contrôlés qu’ils ne le sont aujourd’hui, parce que les flux arrivent de Belgique, via l’Allemagne, par Paris, par Lille… Il faut donc que le gouvernement mette en place des dispositifs qui ralentissent les flux, et qu'il réoriente les migrants pour qu’ils n’arrivent plus à Calais.

RT : Des avions ont été affrétés par le gouvernement français. Des migrants vont volontairement quitter la jungle. Où vont-ils aller ? Que va-t-il advenir d’eux ?

Natacha Bouchart : On a un dispositif qui a été préparé par Bernard Cazeneuve en début de semaine. Ces reconduites seront des reconduites dans le pays ou à la frontière. Ce dispositif existe depuis de nombreuses années, mais il a été intensifié dernièrement. Cette fermeté est essentielle ici à Calais, car cela nous permet de tenter de gérer les flux et donc de donner la priorité à celles et ceux qui sont vraiment dans l’urgence et dans le besoin.

RT : Vous avez à plusieurs reprises demandé l’intervention de l’armée. L’avez-vous fait officiellement auprès du gouvernement français et sur quelle modalité ?

Natacha Bouchart : Oui, j'ai demandé officiellement cette intervention de l'armée. Il m’a été répondu que l’armée n’intervenait que dans les situations de guerre ou de catastrophe naturelle. Je dirais que, sans mauvais jeu de mots, nous sommes dans une situation où l’aide de l’armée serait utile pour aménager un dispositif que l’on peut considérer comme catastrophe naturelle sur le territoire de la lande, pour aider à mieux construire cet espace de 1 500 réfugiés et aider à accompagner les forces de l’ordre. Ces forces de l’ordre ont aujourd’hui des missions qui sont des missions de contrôle, mais qui sont aussi des missions d’évacuation. Elles ne peuvent pas accompagner le dispositif mis en place dans le territoire de la lande, en plus de garantir toutes les missions d’ordre public.

Pour moi, l’armée venait pendant une période de mise en place, d’aide et d’accompagnement sur ces dispositifs. Mais depuis 1920 la loi est ainsi faite, il m’a été dit que l’armée ne pouvait pas intervenir. Ils me disent cela aujourd’hui. Peut-être que demain j’aurai encore raison. Depuis que je suis en place, toutes les interventions qui ont été faites ont eu des effets avérés. Bien sûr, on en a ras le bol, bien sûr, on veut gérer cette situation de façon humaine et de façon sécuritaire mais, en attendant, il est trop facile de dire clairement «on en a ras le bol» si on n’a pas de solution à apporter. Ce n’est pas le rôle du maire, oui, mais j’en prends aussi ma part de responsabilité parce que je me dois d’accompagner ma population pour qu’elle vive au mieux et dans la sérénité sur une situation qui est unique.

RT : L’armée intervient près du Tunnel à cause du plan Vigipirate. Peut-on imaginer que la zone portuaire et la lande contiguë deviennent aussi un périmètre Vigipirate ?

Natacha Bouchart : Je pense que ça pourrait le devenir. J’en ai formulé la demande auprès du gouvernement. Il y a quinze mois j’ai fait des propositions et une partie a été prise en compte. Aujourd’hui on en prend une autre partie pour les appliquer, parce qu’on se rend compte que j’ai raison. Et quand je dis aujourd’hui que l’armée serait utile sur le territoire, sur le périmètre de la lande et sur le périmètre du port, je pèse mes mots : dans quelques semaines le gouvernement, peut-être, me donnera raison.

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