Fracture à droite : Nadine Morano relance le débat sur le positionnement de LR face à LREM
L'eurodéputée LR Nadine Morano a annoncé qu'elle ne voterait pas pour Jean Rottner, le candidat de son parti dans la région Grand Est. Elle soupçonne ce dernier d'être trop proche de la ligne gouvernementale. Le RN lui a tendu la main.
Un autre front s'est ouvert chez Les Républicains (LR), à un peu plus d'un mois des élections régionales. Alors que les tensions au sein du parti de droite ne sont toujours pas dissipées en PACA autour de la candidature de Renaud Muselier soutenue par La République en marche (LREM), dans la région Grand Est, c'est l'eurodéputée Nadine Morano qui a annoncé le 14 mai refuser de soutenir la liste du candidat LR Jean Rottner, qu'elle juge trop proche de la ligne de la majorité LREM.
L'ancienne ministre de Nicolas Sarkozy n'avait pas été retenue par l'actuel président de la région au sein de son équipe pour sa réélection. «Connaissant les thématiques portées par Nadine Morano et sa personnalité, je ne veux pas d’elle sur la liste», a-t-il justifié auprès du Parisien.
«Jean Rottner et Renaud Muselier sont deux artisans de Macron pour dépecer LR»
La députée européenne a étayé sa position dans une série de tweets le 15 mai, expliquant défendre «une ligne politique gaulliste et populaire». «Rottner a dit clairement que ma ligne politique n’était pas compatible avec la sienne», a-t-elle ajouté, rappelant que le président de la région Grand Est «a signé une tribune le 15 mai 2017 pour soutenir Macron». «Je n’accepte pas que le gaullisme s’efface devant le centrisme [...] Jean Rottner et Renaud Muselier sont deux artisans de Macron pour dépecer LR», affirmait-elle déjà dans Le Parisien.
Il paraît que je suis TROP de droite ... Pour #Rottner ma ligne politique n’est pas compatible avec la sienne,... rappelons qu’il a signé une tribune le 15 mai 2017 pour soutenir #Macron... https://t.co/ek5aBTJGT2
— Nadine Morano (@nadine__morano) May 15, 2021
Pour illustrer sa ligne, Nadine Morano a assuré qu'elle donnerait sa voix à l'ancien président du parti Laurent Wauquiez, candidat à sa réélection en Auvergne-Rhône-Alpes, si elle votait dans cette région.
Autre illustration de cette fracture chez LR, deux figures du parti, le député Eric Ciotti et le sénateur Bruno Retailleau, ont demandé le 12 mai au bureau national de retirer son soutien à Renaud Muselier, qui compte intégrer des membres de LREM à sa liste en PACA.
Christian Jacob préfère soutenir Jean Rottner
Alors que ces épisodes relancent le débat au sein d'un parti LR écartelé entre le Rassemblement national sur sa droite et LREM au centre, le candidat RN dans le Grand Est Laurent Jacobelli a profité du vaudeville pour tendre la main à Nadine Morano. «Jean Rottner préfère travailler avec les macronistes qu’avec vous ? Dont acte ! Moi, je serai ravi de compter sur votre vote !», lui a-t-il lancé sur Twitter.
Bonjour @nadine__morano! Pour le #Grandest, vous voulez retrouver nos 3 régions historiques, souhaitez rétablir la sécurité et défendre notre identité. @JeanROTTNER préfère travailler avec les macronistes qu'avec vous? Dont acte! Moi, je serai ravi de compter sur votre vote!😉 https://t.co/8tdp4rVzE5
— Laurent Jacobelli (@ljacobelli) May 13, 2021
L'ancienne ministre n'a pas rebondi sur la proposition, mais a toutefois expliqué que Laurent Jacobelli «n’incarn[ait] pas le fascisme et n’[était] pas d’extrême droite». Pendant ce temps, le patron de LR Christian Jacob, sommé de se positionner par le maire de Reims Arnaud Robinet, a clairement pris parti pour Jean Rottner, appelant «à un rassemblement des électeurs de la droite et du centre à se mobiliser pour la victoire».
Je réaffirme tout mon soutien ainsi que celui des @lesRepublicains à la liste de @JeanROTTNER et j’appelle à un rassemblement des électeurs de la droite et du centre à se mobiliser pour la victoire de sa liste @avecrottner2021
— Christian JACOB (@ChJacob77) May 15, 2021
Dans ce contexte, un sondage Ipsos publié ce 15 mai par Le Parisien et France Info montre que 58% des sympathisants LR jugeraient le parti proche de LREM en termes de positionnement politique. Ce taux descend à 33% vis-à-vis du RN. Quant au jeu des alliances en vue des élections régionales, 58% des sondés proches de LR se disent favorables à des fusions de listes avec LREM, et 48% d'entre eux le sont pour des accords avec le RN.
En somme, si les sympathisants LR semblent pencher plutôt vers LREM, ils sont tout autant dans un grand écart que les dirigeants du parti. Avec le risque, pour ce dernier, de ne plus arriver à exister entre le mouvement macroniste et celui de Marine Le Pen : toujours selon le sondage Ipsos, 64% des personnes interrogées, tous bords confondus, estiment que la plupart des dirigeants de LR ont des idées proches soit de LREM, soit du RN. Donc sans identité politique singulière.