Tribune des militaires : Le Pen les soutient, Parly veut des sanctions, LFI en appelle à la justice
- Avec AFP
La ministre des Armées a demandé à l'Etat major de sanctionner les militaires auteurs d'une tribune, pour avoir «enfreint le devoir de réserve». Une demande appuyée par La France insoumise. Marine Le Pen a elle renouvelé son soutien aux signataires.
La ministre des Armées Florence Parly demande des sanctions contre les militaires signataires d'une tribune dénonçant le «délitement» de la France et se disant prêts à «soutenir les politiques» qui œuvreront contre.
«Pour ce qui concerne les militaires qui ont enfreint le devoir de réserve, bien entendu, des sanctions sont prévues, et j'ai donc demandé pour ceux qui seraient, parmi les signataires signalés, des militaires d'active, j'ai demandé au chef d'état major d'appliquer les règles qui sont prévues dans le statut des militaires, c'est-à-dire des sanctions», a-t-elle déclaré le 26 avril sur la radio France Info.
«Ce sont des actions qui sont inacceptables», a martelé Florence Parly après avoir déjà fustigé la veille une «tribune irresponsable». Pour les militaires retraités signataires, également «astreints à un devoir de réserve», des sanctions sont aussi possibles, a-t-elle relevé.
La ministre a rappelé le cas du général Christian Piquemal, ancien patron de la Légion étrangère et également signataire de la tribune, qui avait été radié en 2016 des cadres de l'armée pour avoir participé à une manifestation interdite contre les migrants à Calais.
«L'immense majorité des militaires, j'aurais dit la totalité jusqu'à ce week-end, défend les valeurs républicaines, assure la protection des français et la défense de la France conformément au principe de neutralité et de loyauté qui fait partie et qui est au cœur de leur statut», a encore estimé Florence Parly.
Les députés insoumis écrivent au Procureur de Paris
De leur côté des députés de La France insoumise ont adressé un signalement au Procureur de la République de Paris Rémy Heintz le 26 avril, qui rappelle que les militaires de la «deuxième section» (2S), comme c'est le cas pour la plupart des généraux signataires, ne sont «ni à la retraite, ni d'active mais dans une situation intermédiaire de réserve susceptible d'impliquer des postes d'encadrement». Ils seraient donc, selon le courrier, «soumis à l'obligation de réserve» et passibles de la «radiation des cadres».
🚨 L’appel à sédition des militaires est une grave alerte pour notre République.
— Manon Aubry (@ManonAubryFr) April 27, 2021
Au nom des parlementaires de la @FranceInsoumise à l’Assemblée nationale et au Parlement 🇪🇺,
nous saisissons le Procureur de la République, au titre de l'article 40 du code de procédure pénal. pic.twitter.com/dD0c3g4ej3
«Il faut d'abord une réponse judiciaire ferme face à la dérive séditieuse de ces anciens militaires», a déclaré l'eurodéputée insoumise Manon Aubry dans un tweet.
Marine Le Pen ferme sur sa position
La présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, candidate à la présidentielle de 2022, avait pour sa part aussitôt invité les militaires à «se joindre» à elle. Une position qu'elle a maintenu ce 27 avril, renouvelant son soutien aux militaires en dépit de la polémique.
«Ces militaires, ils savent très bien comment ça se passe quand les politiques ne font pas leur travail, ne font pas respecter la Constitution. A un moment donné, la situation est si grave qu’on en appelle à l'armée», a expliqué sur France info la candidate à l'Elysée. «Ils viennent dire qu'il faut faire appliquer les lois [...], que la situation du pays est terriblement inquiétante», a estimé Marine Le Pen, jugeant que les zones de non droit, la criminalité, la haine de soi, ou encore le refus du patriotisme par les dirigeants étaient «des éléments de délitement de la Nation».
Reconnaissant que la ministre de la Défense était «dans son rôle» en les menaçant de sanctions, les militaires ayant effectivement rompu leur devoir de réserve, la présidente du RN a toutefois déploré que le gouvernement oppose «beaucoup de fermeté à leur égard». «On aimerait qu’il y ait autant de fermeté à l'égard de la criminalité et de la délinquance qui pourrit l'existence de nos compatriotes», a-t-elle fait valoir, soulignant que les ministres n'étaient «pas obligés de rentrer dans la roue de [Jean-Luc] Mélenchon», qui selon elle, mettrait beaucoup plus d’énergie à «taper sur les militaires» que sur les islamistes.
La tribune, publiée par Valeurs Actuelles le 21 avril et signée par «une vingtaine de généraux, une centaine de hauts gradés et plus d'un millier d'autres militaires», appelle le président Emmanuel Macron à défendre le patriotisme. Ces militaires dénoncent le «délitement» qui frappe selon eux la patrie et se disent «disposés à soutenir les politiques qui prendront en considération la sauvegarde de la nation».